Nous venons en amis©Le Pacte

Autopsie du Soudan du Sud

Critique
de Hubert Sauper
110 minutes 2015

Nous venons en amis a été tourné au Soudan du Sud, au moment de la naissance de cet Etat d’Afrique centrale, issu en 2011 de la sécession de la partie méridionale du Soudan. Voyageant dans un petit avion blanc (prototype construit pour les besoins du tournage) aux quatre coins du tout nouveau pays et de son voisin du Nord, Hubert Sauper donne la parole aux acteurs, aussi bien politiques et militaires qu’économiques, soudanais qu’étrangers, d’une indépendance qui attise les petites et les grosses convoitises. Le titre est évidemment d’une ironie grinçante : le film met en évidence la continuité historique des rapports de prédation entre l’Afrique et ses visiteurs successifs (l’Europe colonialiste hier, les Etats-Unis et la Chine aujourd’hui).

Fidèle à sa manière très personnelle, Hubert Sauper accumule ainsi les images-symboles et les rencontres-choc, offrant un regard original sur l’Afrique post-coloniale. L’intérêt de Nous venons en amis est de donner à voir, à travers l’exemple du Soudan du Sud, un territoire représentatif des différents défis que l’Afrique doit aujourd’hui affronter : défi du développement (le Soudan du Sud est en bien des aspects une terre de misère, où l’exploitation des richesses naturelles ne profite pas ou peu aux habitants), défi de la mondialisation (car la découverte de pétrole dans les années 1980, l’existence d’un marché potentiel de consommateurs à équiper entièrement, la faiblesse des acteurs économiques locaux attisent les convoitises étrangères), défi politique enfin (car le spectre de la guerre hante déjà les premiers mois d’existence du 54ème État africain).
Ce film s’intègrera parfaitement dans le chapitre de Géographie intitulé « Le continent africain face au développement et à la mondialisation » (Terminales ES, L, S), et est destiné à illustrer de nombreux aspects du programme de Géographie consacré à l’Afrique, à travers le cas du Soudan du Sud.