La liste de Carla©Pierre Grise Distribution

Carla et les sales types

Critique
de Marcel Schüpbach
95 minutes 2007

"Au cœur du Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie…
une femme se bat pour obtenir l’arrestation des derniers criminels de guerre encore en fuite…
"
Ce pourrait être l’accroche d’un film d’espionnage hollywoodien, mais c’est en fait celle d’un documentaire de Marcel Schüpbach, La liste de Carla. Le cinéaste a suivi Carla del Ponte, procureure du TPIY depuis août 1999 et pour quelques mois encore, dans sa traque des Ratko Mladic, Radovan Kazadzic ou Ante Gotovina.
Des méchants bien affreux, une héroïne courageuse, l’hypocrisie des puissants, l’affiche était alléchante… Le problème est qu'en regard de cette promesse la moisson du documentariste apparaît assez maigre : discussions de couloir, déplacements de l’équipe du TPIY, conférences de presse, entretiens (très contrôlés), les moments assemblés-là ne sont pas les plus palpitants qu’il nous ait été donné de voir au cinéma, et leur dramatisation paraît souvent assez artificielle.
Toute l’ambiguïté du film est là : si Carla del Ponte a autorisé le tournage, c’est bien qu’elle pressentait que ce film serait une arme de plus pour légitimer le TPIY et faire pression sur les régimes récalcitrants pour livrer leurs ressortissants. Mais elle prend bien garde de ne pas laisser filtrer des propos ou des images qui en bousculant le "diplomatiquement correct" pourraient mettre à mal ses missions. On a ainsi l’impression frustrante que l’essentiel nous échappe…
Ce documentaire a tout de même l’intérêt de lever un coin de voile sur le travail du Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie, et d’expliquer les principes qui ont présidé à sa création. En cela, il croise en de nombreux points les programme d’Histoire du Lycée. Pour en savoir plus, on pourra se documenter à la fois sur le site du TPIY, et sur cet excellent dossier de la Documentation Française