L'interprète©Mars Distribution

L'Interprète : l'ONU à nu

Critique
de Sydney Pollack
120 minutes 2005

Polar hollywoodien honnête mais standard, L’Interprète de Sidney Pollack a l’originalité et l’intérêt de filmer une insitution qui fait rarement l’objet de fictions.
Nicole Kidman y campe une interprète de l'ONU entraînée dans un complot visant à tuer un dictateur africain dans l’enceinte même de l'institution internationale. Si la partie "romance" est convenue, l’intrigue a le mérite de s’appuyer sur des aspects méconnus du fonctionnement de l'ONU. Les élèves de Terminale - aussi bien L, ES ou S - y trouveront quelques échos à leur programme de géographie, en particulier aux chapitres sur la mondialisation et sur les Etats-Unis.
1/ D'une part, le lieu. Le bâtiment de l'ONU est sur Manhattan, le long de l'East River, à savoir en plein cœur non seulement d'une des métropoles mondiales mais aussi d'un des pôles majeurs de la mondialisation. Le paysage de gratte-ciels filmé à maintes reprises prend ici un sens politique. Pour autant, il est bien montré que ce n'est pas un espace américain, mais international - enclave diplomatique qui n'est pas soumise aux mêmes lois que les Etats-Unis et qui, en tant que telle, est d'une gestion complexe pour la superpuissance.
2/ D'autre part, le fonctionnement de l'institution. Chaque pays dispose d'un emplacement dans la salle de l'Assemblée générale. La multiplication du nombre des Etats depuis 1945, signalée brièvement, entraîne la multiplication des sièges. A la tribune se font les suggestions des pays membres. Tout un équilibre de négociations a lieu entre pays, souvent en coulisse. Il est fait aussi allusion au TPI de La Haye, instance non reconnue par les Etats-Unis. La question de l'ingérence est donc sous-jacente.
3/ D’un point de vue politique et idéologique enfin, on remarquera encore une fois qu’Hollywood est bien à la gauche des Etats-Unis : le film prend clairement parti pour le multilatéralisme, et essaye de donner un visage positif (celui de Nicole Kidman) à une institution tellement décriée par le gouvernement Bush.
Pour approfondir, on pourra aller visiter "Cyberschoolbus" le site éducatif de l’ONU (entièrement traduit en français… sauf le titre !) qui propose notamment une visite virtuelle de l'enclave internationale (mais sans Nicole) et une introduction à l'histoire de l'organisation, spécifiquement destinée aux étudiants.
Ce qui nous amène à signaler, pour le collège cette fois, une excellente séquence pédagogique qui propose aux élèves de troisième d'utiliser le site web de l'ONU et de mobiliser les connaissances acquises en Histoire et Géographie.