En Guerre
Stéphane Brizé met à nu l'origine de la violence
Trois ans après La Loi du marché, Stéphane Brizé retrouve sa veine naturaliste pour un drame social aux forts accents documentaires. Porté une nouvelle fois par Vincent Lindon, En Guerre narre, caméra à l’épaule, la lutte des salariés d’une usine de sous-traitance automobile contre la fermeture du site. Refusant tout sentimentaliste, le film lui privilégie une description rigoureuse de la réalité, révélant avec beaucoup de justesse les dessous des plans sociaux que les médias ne se font que trop rarement l’écho.
Critique
La Révolution silencieuse
Ils avaient dix-sept ans et il se dressèrent contre le régime est-allemand
Après nous avoir fait revivre la préparation des procès de Francfort dans Fritz Bauer, un héros allemand, le réalisateur Lars Kraume nous plonge dans l’Allemagne de l’Est d’avant la construction du Mur. La Révolution silencieuse raconte l’histoire vraie d’une classe de lycéens qui improvisa une minute de silence pour protester contre la répression russe du soulèvement de Budapest (1956). Un geste symbolique qui, dans le contexte d’une crispation du régime, en pleine Guerre Froide, eut sur leurs vies des conséquences qu’ils n’avaient pas imaginées. Lars Kraume livre un film historique sur une période peu connue, mais aussi une belle réflexion sur l’engagement.
Analyse
Après la guerre
"En Italie, les années de plomb restent un passé qui ne passe pas"
Drame familial enraciné dans l'histoire récente de l'Italie, Après la guerre revient sur l’accueil en France des militants d’extrême-gauche condamnés ou recherchés pour leur implication dans le terrorisme d'extrême-gauche. La sociologue Isabelle Sommier, sociologue et spécialiste des mouvements d’extrême gauche, revient sur ces fameuses "années de plomb" et l'image qu'en ont façonné les médias et le cinéma.
Entretien
America
America : le rêve américain, mort et enterré ?
Pendant sa campagne, Donald Trump promettait de « rendre à l’Amérique sa grandeur ». Un an après son accession à la présidence, la question de la (re)définition du rêve américain est plus que jamais d’actualité, entre crainte que l’actuel président ne l’enterre définitivement et espoir qu’il en soit le nouveau chantre. C’est tout l’objet du documentaire de Claus Drexel que d’interroger cet « American Dream » auquel beaucoup ne croient plus. Tourné au moment de l’élection, America dresse le portrait amer d’une petite ville désargentée et désenchantée.
Critique
La Révolution silencieuse
"L’année 1956 marque le début d’un mouvement réformiste qui accompagnera l’histoire de la RDA jusqu’à sa chute en 1990"
La Révolution silencieuse raconte l’histoire vraie d’une classe de lycéens qui improvisa une minute de silence pour protester contre la répression russe du soulèvement de Budapest (1956). L'historienne Hélène Camarade, spécialiste de la RDA et de sa représentation au cinéma, nous aide à replacer le film dans son contexte : celui de l’année 1956, décisive pour l’Allemagne de l’Est et l’ensemble du bloc soviétique, mais aussi celui du cinéma consacré à la RDA.
Entretien
Escobar
Mais pourquoi Pablo Escobar nous fascine-t-il autant ?
Il a fait les belles de heures de Narcos, une des séries les plus populaires de la plateforme Netflix. Il truste aujourd'hui les écrans sous les traits de Javier Bardem, dans Escobar de Fernando Leon de Aranoa. Mais pourquoi l'ennemi public colombien n° 1 est-il devenu une icône de la pop culture, et comment expliquer la fascination qu'il exerce, notamment sur le public adolescent ? Nous avons posé la question à l'universitaire Gabrielle Pannetier-Lebœuf, doctorante en études hispaniques à l’Université de Montréal et à Paris-Sorbonne.
Entretien
Il Figlio, Manuel
La touchante quête de liberté d’un adolescent placé
Dans son premier film de fiction, le réalisateur italien Dario Albertin dresse le portrait de Manuel, un adolescent tout juste majeur amené à endosser des responsabilités d’adultes. Un récit d’apprentissage parfois classique, mais qui frappe par sa capacité à déjouer les préjugés du spectateur.
Critique
Kings
Le chaos des émeutes de Los Angeles, et après ?
Alors que les États-Unis commémorent les cinquante ans de l’assassinat de Martin Luther King, les violences policières à l'encontre des afro-américains continuent à défrayer la chronique. On pouvait donc attendre de Kings, le nouveau film de Deniz Gamze Ergüven, qu’il fasse écho à cette actualité dramatique. Mais le mélange des genres tenté par la réalisatrice de Mustang empêche Kings d’être le grand film politique qu’on aurait pu espérer.
Critique
Nul homme n'est une île
La bonne gouvernance locale est-elle la clé d’un futur désirable ?
Mieux produire, mieux respecter nos territoires, mieux vivre… alors que la France s’interroge sur la possibilité de faire rentrer la lutte contre le réchauffement climatique dans sa Constitution, la question est plus que jamais d’actualité. Elle est au centre de Nul homme n’est une île, un documentaire qui propose quelques pistes pour construire un futur plus respectueux des hommes et de leur environnement.
Critique
Mala Junta
Récit initiatique en pays mapuche
Tano, adolescent livré à lui-même et violent, est envoyé par sa mère dans le sud du Chili, chez un père qu’il n’a pas vu depuis longtemps. Au lycée, il fait la connaissance de Cheo, un jeune garçon d’origine Mapuche maltraité par les autres élèves. Tous deux en quête de repères, les garçons se lient peu à peu d’amitié. Si Mala Junta ne révolutionne pas le récit d’apprentissage, ce premier film lève le voile sur un des conflits internes les plus déterminants pour la société chilienne.
Critique
L'Ordre des Choses
En Libye, les conséquences dramatiques de la politique migratoire européenne
Alors que le débat sur la politique migratoire a dominé les récentes élections italiennes, le cinéaste Andrea Segre choisit de montrer l’impact des décisions européennes de l’autre côté de la Méditerranée, en Libye. Fait remarquable, il y filme frontalement les centres de rétention dans lesquelles survivent les migrant·e·s subsaharien·ne·s. Mais son Ordre des choses passe souvent à côté de l’essentiel, privilégiant au brûlot politique un portrait intimiste peu convaincant.
Critique
Human flow
Ai Weiwei fait passer le drame des réfugiés des écrans de télévision aux salles de cinéma
Pour sa première réalisation cinématographique, le prolifique artiste chinois Ai Weiwei continue l’exploration d’une thématique qui lui est chère : la condition des réfugiés à travers le monde, et la responsabilité dudit monde envers ces hommes, femmes et enfants qui ont tout perdu dans leur fuite. Tourné en une année à travers 23 pays, Human Flow impressionne par la force de ses images, jusqu’à ce que l’effet fourre-tout finisse par avoir raison de notre patience.
Critique
Pentagon Papers
L'hommage de Steven Spielberg au journalisme
On connaît le scandale du Watergate, passé à la postérité grâce au film d’Alan Pakula, Les Hommes du président (1976) et à ses conséquences sur la carrière de Richard Nixon. Mais on sait moins que quelques mois plus tôt, une autre affaire ébranla la démocratie américaine. Le 13 juin 1971, le New York Times publie des révélations exclusives sur le contenu des "Pentagon Papers", un rapport confidentiel de 7 000 pages dévoilant les mensonges des dirigeants américains sur la guerre du Vietnam. Poursuivi en justice par le gouvernement fédéral, le New York Times est interdit de publication ; son concurrent, le Washington Post, prend alors le relais.
Critique
La Douleur
Entre littérature et histoire, Emmanuel Finkiel sublime "La Douleur" de Marguerite Duras
Plus qu’une illustration du récit de Marguerite Duras (ce que sont malheureusement de nombreuses adaptations), La Douleur d’Emmanuel Finkiel est une véritable œuvre de création, puisant sa source dans les mots de l’écrivaine. Structure narrative modifiée, lignes de dialogues ajoutées, personnages retravaillés… Finkiel invente son propre langage, un langage qui s’affirme comme la meilleure traduction cinématographique du texte de Duras.
Critique
Marie Curie
Le biopic d'une femme d'exception qui se perd dans l'anecdotique
Première femme docteure en physique, premier femme professeure à la Sorbonne, première femme prix Nobel, première personne à l’obtenir deux fois… la vie de Marie Curie (1867-1934) fut une succession d’exploits. Marie Curie, le film, relate la vie de cette femme d’exception, de son premier prix Nobel en 1903 à son second en 1911. Mais au lieu d’insister sur la destinée singulière de son héroïne ou sur ses travaux, le biopic de Marie Noëlle se perd dans une histoire d’amour beaucoup trop conventionnelle et pas franchement passionnante.
Critique
Les Heures sombres
Comment Churchill a mobilisé la langue anglaise et l’a envoyée au combat
Le réalisateur d’Anna Karénine et Orgueil et préjugés s’empare de la figure mythique de Winston Churchill pour interroger la parole politique. Un biopic qui reste sage mais qui réussit à se libérer des poncifs du genre.
Critique
El Presidente
Un "House of cards" géopolitique à la sud-américaine
La séquence d’ouverture est magistrale : on entre par la porte de service pour finir dans l’épicentre du pouvoir, le cabinet du président argentin… Hernàn Blanco, tout frais élu sur son image d’homme ordinaire, s’apprête à s’envoler pour le sommet des pays d’Amérique du Sud, alor
Critique
L'Échange des princesses
"Le sort des princesses d'Ancien Régime était comparable à ceux des enfants de stars aujourd'hui"
L’Échange des princesses relate les mariages de Louis XV, 12 ans, avec Ana Maria Victoria, 4 ans, et de la princesse de Montpensier, 12 ans, à l’héritier du trône d’Espagne, guère plus âgé. Le film de Marc Dugain, adapté du roman de Chantal Thomas, pose ainsi la question de la place de l’enfant à la Cour au XVIIIe siècle. Pascale Mormiche, historienne spécialiste du sujet, nous explique cette conception de l’enfance radicalement différente de la nôtre.
Entretien
Mariana
Au Chili, un passé qui ne passe pas
Avec son deuxième film, la réalisatrice chilienne Marcela Saïd poursuit son exploration du Chili post-Pinochet et de ses blessures mal refermées. Mais son personnage principal est trop insaisissable et malaimable pour entraîner le spectateur.
Critique
12 jours
Raymond Depardon regarde la folie droit dans les yeux
12 jours… C'est la durée légale dont disposent les psychiatres pour faire examiner par un juge la légalité d’une hospitalisation sous contrainte. Le grand documentariste Raymond Depardon a posé sa caméra dans une salle d'audience pour saisir à nouveau ce moment où l'individu fait face à l'institution.
Critique