Les Seigneurs de la mer : Tintin et les requins

Les Seigneurs de la mer : Tintin et les requins

Qu’est-ce qui conduit un jeune photographe canadien, passionné de plongée sous-marine et biologiste à ses heures, à prendre fait et cause pour un animal comme le requin, au point de consacrer à sa préservation plusieurs années de sa vie, résumées dans le film documentaire Les Seigneurs de la mer ?Le réalisateur Rob Stewart a coutume de retourner ce genre de questions à son interlocuteur : qu’y-a-t-il de si incongru ou scandaleux à prendre la défense du requin plutôt que celle de la baleine à bosse, de l’orang-outang ou de l’ours blanc ? A la différence du discours parfois lénifiant de certains documentaires animaliers (cf notre article L’ours blanc, le cinéaste et le géographe) Les Seigneurs de la mer a d’abord pour intérêt de nous interroger sur notre rapport au règne animal et aux différentes espèces qui le composent, rapport de plus en plus fantasmatique à mesure que l’espèce humaine s’éloigne de la nature : pourquoi telle espèce rencontre notre sympathie et notre compassion alors que telle autre est un objet de crainte et de répulsion ?Rob Stewart ne nous expliquera pas d’où vient notre phobie du requin : il se contente de la combattre en démontant un certain nombre d’idées reçues véhiculées par la culture de masse, notamment le cinéma (Les Dents de la mer, 1976, premier d’une longue série horrifique). Mais c’est pour tirer un fil tout aussi intéressant, en démontant le mécanisme économique qui conduite à la disparition programmée du requin : la demande d’ailerons, mets traditionnel de la cuisine asiatique, explose avec la croissance chinoise et la hausse du niveau de vie. Malgré les interdictions promulguées dans de nombreux pays, l’appât du gain pousse les pêcheurs à se reconvertir dans cette spécialité lucrative, tandis que des mafias se chargent d’organiser les flux de marchandises.Des eaux bleues des Galapagos aux entrepôts costaricains, Les Seigneurs de la mer a des faux airs de film d’aventures ou d’album de Tintin : Stewart, avec sa bouille juvénile et son enthousiasme à toute épreuve, rappelle d'ailleurs le héros de Hergé, privé de Milou mais flanqué d'un Haddock (rôle tenu par le capitaine au long cours Paul Watson, activiste de la lutte contre les braconniers des mers). On pourra s’agacer de la manière parfois naïve dont Rob Stewart se met en scène (fallait-il nous infliger l’épisode du staphylocoque doré ?), mais la sincérité du personnage est indéniable. Elle transparaît notamment dans la beauté souvent époustouflante des images de squales, qui ne constituent pas le moindre des attraits de ce film.Comme nous l’avons déjà évoqué, le film constitue une mine pour les enseignants, à la fois en SVT et dans le cadre de l’Education au Développement Durable, et en Géographie-ECJS, pour évoquer un exemple de trafic mondialisé. Ils pourront consulter notre site pédagogique qui propose dossiers d’accompagnements dans les disciplines citées plus haute et le Cinéclasse édité par le Monde de l’Education.

[Les Seigneurs de la mer de Rob Stewart. 2006. Durée : 1 h 30. Distribution : Mk2 Diffusion. Sortie le 9 avril 2008]

Qu’est-ce qui conduit un jeune photographe canadien, passionné de plongée sous-marine et biologiste à ses heures, à prendre fait et cause pour un animal comme le requin, au point de consacrer à sa préservation plusieurs années de sa vie, résumées dans le film documentaire Les Seigneurs de la mer ?Le réalisateur Rob Stewart a coutume de retourner ce genre de questions à son interlocuteur : qu’y-a-t-il de si incongru ou scandaleux à prendre la défense du requin plutôt que celle de la baleine à bosse, de l’orang-outang ou de l’ours blanc ? A la différence du discours parfois lénifiant de certains documentaires animaliers (cf notre article L’ours blanc, le cinéaste et le géographe) Les Seigneurs de la mer a d’abord pour intérêt de nous interroger sur notre rapport au règne animal et aux différentes espèces qui le composent, rapport de plus en plus fantasmatique à mesure que l’espèce humaine s’éloigne de la nature : pourquoi telle espèce rencontre notre sympathie et notre compassion alors que telle autre est un objet de crainte et de répulsion ?Rob Stewart ne nous expliquera pas d’où vient notre phobie du requin : il se contente de la combattre en démontant un certain nombre d’idées reçues véhiculées par la culture de masse, notamment le cinéma (Les Dents de la mer, 1976, premier d’une longue série horrifique). Mais c’est pour tirer un fil tout aussi intéressant, en démontant le mécanisme économique qui conduite à la disparition programmée du requin : la demande d’ailerons, mets traditionnel de la cuisine asiatique, explose avec la croissance chinoise et la hausse du niveau de vie. Malgré les interdictions promulguées dans de nombreux pays, l’appât du gain pousse les pêcheurs à se reconvertir dans cette spécialité lucrative, tandis que des mafias se chargent d’organiser les flux de marchandises.Des eaux bleues des Galapagos aux entrepôts costaricains, Les Seigneurs de la mer a des faux airs de film d’aventures ou d’album de Tintin : Stewart, avec sa bouille juvénile et son enthousiasme à toute épreuve, rappelle d'ailleurs le héros de Hergé, privé de Milou mais flanqué d'un Haddock (rôle tenu par le capitaine au long cours Paul Watson, activiste de la lutte contre les braconniers des mers). On pourra s’agacer de la manière parfois naïve dont Rob Stewart se met en scène (fallait-il nous infliger l’épisode du staphylocoque doré ?), mais la sincérité du personnage est indéniable. Elle transparaît notamment dans la beauté souvent époustouflante des images de squales, qui ne constituent pas le moindre des attraits de ce film.Comme nous l’avons déjà évoqué, le film constitue une mine pour les enseignants, à la fois en SVT et dans le cadre de l’Education au Développement Durable, et en Géographie-ECJS, pour évoquer un exemple de trafic mondialisé. Ils pourront consulter notre site pédagogique qui propose dossiers d’accompagnements dans les disciplines citées plus haute et le Cinéclasse édité par le Monde de l’Education.

[Les Seigneurs de la mer de Rob Stewart. 2006. Durée : 1 h 30. Distribution : Mk2 Diffusion. Sortie le 9 avril 2008]