Votez Bobby !

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Sur le mode "Que faisiez-vous le jour où…" nous avons pu voir récemment 12 h 08 à l’Est de Bucarest, réflexion ironique sur la révolution roumaine de 1989 et ses (anti)héros. Voici maintenant Bobby, ode nostalgique à l’Amérique des années 60, photographiée le jour de l’assassinat de Robert Kennedy. Le casting est plus glamour, au propre comme au figuré : d’un côté le brillant sénateur et candidat à la présidentielle (qui a certes plus de "gueule" que le couple Ceaucescu), de l’autre une distribution dorée sur tranche réunissant vieilles gloires (Harry Belafonte, Anthony Hopkins …), têtes d’affiche (Sharon Stone, Demi Moore, Helen Hunt, Laurence Fishburne) et jeunes premier(e)s (Ashton Kutcher, Elijah Wood, Lindsay Lohan)…La bonne idée du scénario est de ne pas incarner le sénateur Kennedy et d’éviter l’écueil du biopic : attendu toute la journée du 4 juin 1968 à l’hôtel Ambassador où il doit prononcer un discours victorieux, il est le point focal vers lequel convergent les regards et espoirs de tous les personnages ; toujours hors-champ, il semble déjà n’être déjà qu’un fantôme, le rêve bientôt évanoui d’une Amérique généreuse et optimiste. L’ambition de ce film choral (qui s’inspire à la fois des fresques de Robert Altman et d’un vieux film de studio comme Grand Hotel) est d’offrir, des luxueuses suites jusqu’aux cuisines, une coupe verticale de la société américaine à la fin des sixties, sa radiographie à la fois sociale et morale. L’éventail des personnages porte ainsi les tensions qui agitent le pays en cette année 68 : représentants des minorités noire ou hispanique, jeunes menacés par un départ au Vietnam, femmes sur la voie de l’émancipation…Hélas, accrocheur dans sa virevoltante première demi-heure, le film se languit ensuite, faute sans doute d’une matière scénaristique assez riche : les bonnes idées s’étirent en longueur (le trip des deux étudiants), et la plupart des personnages se révèlent assez anecdotiques ou carrément clicheteux (Demi Moore en diva alcoolique)… Il faut attendre la dernière partie pour que Bobby retrouve tension dramatique et émotionnelle.Spectacle plutôt plaisant, le film a l’habileté et le mérite de donner à entendre de longs passages des discours de Robert Kennedy, assortis d’images d’archive toujours impressionnantes. Il peut illustrer avec profit le cours de Terminale (L et ES) sur le modèle américain et ses tensions. Il peut également faire l’objet d’une exploitation en cours d’Anglais, pourquoi pas en s’appuyant sur les textes de ces discours écrits dans une langue simple et vibrante. Gageons que les élèves ne seront pas insensibles à l’idéalisme qui s’en dégage, et aux nombreuses correspondances avec l’Amérique d’aujourd’hui (Vietnam/Irak, violence de la société, fracture sociale…). Le slogan américain du film ne fait pas allusion à autre chose : "He saw wrong and tried to right it. He saw suffering and tried to heal it. He saw war and tried to stop it."

[Bobby d'Emilio Estevez. 2006. Durée : 1 h 52. Distribution : TFM. Sortie le 24 Janvier 2007]

Sur le mode "Que faisiez-vous le jour où…" nous avons pu voir récemment 12 h 08 à l’Est de Bucarest, réflexion ironique sur la révolution roumaine de 1989 et ses (anti)héros. Voici maintenant Bobby, ode nostalgique à l’Amérique des années 60, photographiée le jour de l’assassinat de Robert Kennedy. Le casting est plus glamour, au propre comme au figuré : d’un côté le brillant sénateur et candidat à la présidentielle (qui a certes plus de "gueule" que le couple Ceaucescu), de l’autre une distribution dorée sur tranche réunissant vieilles gloires (Harry Belafonte, Anthony Hopkins …), têtes d’affiche (Sharon Stone, Demi Moore, Helen Hunt, Laurence Fishburne) et jeunes premier(e)s (Ashton Kutcher, Elijah Wood, Lindsay Lohan)…La bonne idée du scénario est de ne pas incarner le sénateur Kennedy et d’éviter l’écueil du biopic : attendu toute la journée du 4 juin 1968 à l’hôtel Ambassador où il doit prononcer un discours victorieux, il est le point focal vers lequel convergent les regards et espoirs de tous les personnages ; toujours hors-champ, il semble déjà n’être déjà qu’un fantôme, le rêve bientôt évanoui d’une Amérique généreuse et optimiste. L’ambition de ce film choral (qui s’inspire à la fois des fresques de Robert Altman et d’un vieux film de studio comme Grand Hotel) est d’offrir, des luxueuses suites jusqu’aux cuisines, une coupe verticale de la société américaine à la fin des sixties, sa radiographie à la fois sociale et morale. L’éventail des personnages porte ainsi les tensions qui agitent le pays en cette année 68 : représentants des minorités noire ou hispanique, jeunes menacés par un départ au Vietnam, femmes sur la voie de l’émancipation…Hélas, accrocheur dans sa virevoltante première demi-heure, le film se languit ensuite, faute sans doute d’une matière scénaristique assez riche : les bonnes idées s’étirent en longueur (le trip des deux étudiants), et la plupart des personnages se révèlent assez anecdotiques ou carrément clicheteux (Demi Moore en diva alcoolique)… Il faut attendre la dernière partie pour que Bobby retrouve tension dramatique et émotionnelle.Spectacle plutôt plaisant, le film a l’habileté et le mérite de donner à entendre de longs passages des discours de Robert Kennedy, assortis d’images d’archive toujours impressionnantes. Il peut illustrer avec profit le cours de Terminale (L et ES) sur le modèle américain et ses tensions. Il peut également faire l’objet d’une exploitation en cours d’Anglais, pourquoi pas en s’appuyant sur les textes de ces discours écrits dans une langue simple et vibrante. Gageons que les élèves ne seront pas insensibles à l’idéalisme qui s’en dégage, et aux nombreuses correspondances avec l’Amérique d’aujourd’hui (Vietnam/Irak, violence de la société, fracture sociale…). Le slogan américain du film ne fait pas allusion à autre chose : "He saw wrong and tried to right it. He saw suffering and tried to heal it. He saw war and tried to stop it."

[Bobby d'Emilio Estevez. 2006. Durée : 1 h 52. Distribution : TFM. Sortie le 24 Janvier 2007]