Fausta : horreur et merveilles
Fausta ou la teta asustada… A l’image de son titre double, on peut lire le film de Claudia Llosa, Ours d’or du dernier Festival de Berlin de deux manières différentes : sa mise en scène fluide et sensuelle, ses personnages mystérieux, ses atmosphères étranges invitent à une rêverie fascinée ; la violence des rapports sociaux et humains qu’il met en scène, le caractère scabreux de la situation de départ (une jeune femme s’introduit une patate dans le vagin pour se prémunir du viol) renvoient au contraire à un réel traumatisant.La force du film est de ne jamais obliger le spectateur à choisir entre merveilleux et réalisme, entre l’univers du conte et le poids de l’histoire ; il emporte au contraire l’adhésion par la cohérence et la richesse de son univers, et par la tension constante de sa narration. Grâce en soit en grande partie rendue au personnage-titre et à l’interprétation de Magaly Solier : Fausta, qui doit enterrer sa mère et (métaphoriquement) son passé traumatique, fait le lien entre le passé et le présent, la mort et le renouveau, les bidonvilles et le Lima bourgeois, indios et criollos. Elle porte dans son corps toutes les blessures et les contradictions du Pérou contemporain, hanté par une violence (les vingt ans de guerre entre l’état et la guérilla du Sentier Lumineux) jamais digérée.Un peu difficile d’accès à première vue pour des élèves avant la classe de Première, Fausta se révèle d’une richesse pédagogique étonnante. Notre dossier d’accompagnement en explore quelques facettes, et propose des activités pour les enseignants d’espagnol. Un supplément V.O.Scope est également disponible pour les classes.Fausta, la teta asustada de Claudia Llosa. 2008. Durée : Distribution : Jour2fête. Sortie le 17 juin