Fronteras©Outplay Films
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Fronteras : dans l’intimité de l’immigration

Critique

L’intérêt principal de Fronteras, c’est de rapprocher deux problématiques que l’on pourrait croire assez éloignées l’une de l’autre : d’un côté, la précarité d’un adolescent Marocain, arrivé en Espagne depuis quelques années mais toujours en attente de papiers ; de l’autre, la solitude d’un adolescent espagnol qui sent naître chez lui une attirance pour les garçons. Dans les deux cas, l’impératif est le même : il faut se cacher. Se cacher des autorités quand on n’a pas de papiers, se cacher des copains quand on est différent d’eux. D’ailleurs, les espaces dans lesquels le film se développe sont, en très grande majorité, des lieux clos. Des lieux qui servent de refuges aux deux héros, mais qui apparaissent aussi comme étouffants ; des petites pièces confinées qui témoignent de la nécessité de se soustraire aux regards.

Fronteras entremêle donc assez intelligemment la chronique sociale - raconter l’immigration en Espagne - et le récit personnel - construire une histoire d’amour entre deux adolescents. Le réalisateur propose ainsi une vision très intimiste de l’immigration. On est loin du phénomène massif - et donc dangereux - que nous présentent souvent les médias et les discours politiques. Pour Mikel Rueda, montrer l’immigration, c’est raconter le quotidien d’un adolescent qui fait tout son possible pour s’intégrer mais se voit constamment refuser une place dans la société. Le sujet est donc abordé par petites touches : en même temps que Rafa, on pousse la grille d’un centre d’accueil et on découvre des chambres-dortoirs parfaitement impersonnelles ; tout comme Ibrahim, on entend, au détour d’une conversation, les remarques racistes d’un adolescent espagnol envers les immigrés.

On pourra regretter que le réalisateur s’embarrasse d’afféteries formelles - grain d’image très épais, ralentis, changements de focale – et d’une chronologie déstructurée (il s’agissait pour le réalisateur de faire partager au spectateur le sentiment de confusion que ressentent ses héros) qui rend parfois la compréhension difficile. Mais on reste séduit par la justesse du film, accentuée par le jeu des deux acteurs principaux, Germán Alcarazu et Adil Koukouh. Tous deux non-professionnels au moment du tournage, ils apportent au film une grande fraîcheur et viennent renforcer l’impression de sincérité qui s’en dégage.

Le Festival du Cinéma espagnol de Nantes a mis en ligne un dossier pédagogique destiné aux enseignants d'Espagnol de Collège et Lycée ainsi qu'à leurs classes. Ce dossier a été rédigé par Agueda Ruano sous la direction de Victoria Bazurato.

Fronteras
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