Goodbye Bafana : le héros et l'homme de la rue

Goodbye Bafana : le héros et l'homme de la rue

Idi Amin Dada, Nelson Mandela : en matière de dirigeants politiques, l’Afrique aura connu le pire et le meilleur. Le premier avait fourni un sujet spectaculaire au Le Dernier roi d'Ecosse et l'occasion d'une composition oscarisée à Forrest Whitaker. Le second place les cinéastes devant une autre gageure : mettre un scène une véritable icône, au risque de tomber dans l’hagiographie ; raconter la vie d’un homme qui l’a passé pour l’essentiel en prison ; incarner un personnage encore vivant et dont le visage, après avoir été un mystère pendant ses années de détention, est devenu familier du monde entier. Bille August, cinéaste deux fois palmé à Cannes (Pelle le conquérant, Les Meilleures intentions) mais mal-aimé de la critique (qui lui reproche son académisme) a résolu cette gageure grâce aux mémoires de James Gregory, le geôlier de Nelson Mandela. Choisi par les services secrets sud-africains pour sa connaissance du xhosa, celui-ci a suivi le leader de l’ANC, de près ou de loin, pendant la majorité de sa détention. Il est le vrai héros de Goodbye Bafana. Avec sa femme et de ses enfants, il incarne parfaitement l’état d’esprit de la minorité blanche au long des trente années que parcourt le film : d’une justification aveugle de la logique d’apartheid dans les années 60 et 70 (le film montre le poids de la religion, l’isolement) à la prise de conscience dans les années 80 (lassitude par rapport au terrorisme, à l’opprobre et à l’isolement internationaux) ; à quoi s’ajoute dans le cas de Gregory un respect et une fascination grandissants pour l’opposant emprisonné. La relation entre les deux hommes pourra paraître un peu angéligue (notamment au détour d’une scène de combat au bâton trop belle et symbolique pour être vraie) et le film parfois édulcoré. Mais en se concentrant sur des sud-africains ordinaires, le film livre une vision sans doute plus humaine et plus juste de l'apartheid que les (nombreux) films qui l'ont précédé (qui mettaient généralement en scène la résistance des opposants au régime), et permet de poser la question de la responsabilité individuelle. C'est tout l'intérêt pédagogique de ce film, qu'on pourra utiliser en Histoire-ECJS (et en Education civique au collège) ainsi qu'en Anglais. On se reportera à nos dossiers d'accompagnement dans ces deux disciplines, ainsi qu'au Cinéclasse paru dans Le Monde de l'Education de ce mois-ci.

[Goodbye Bafana de Bille August. 2007. Durée : 1 h 58. Distribution : Paramount Pictures. Sortie le 11 avril]

Idi Amin Dada, Nelson Mandela : en matière de dirigeants politiques, l’Afrique aura connu le pire et le meilleur. Le premier avait fourni un sujet spectaculaire au Le Dernier roi d'Ecosse et l'occasion d'une composition oscarisée à Forrest Whitaker. Le second place les cinéastes devant une autre gageure : mettre un scène une véritable icône, au risque de tomber dans l’hagiographie ; raconter la vie d’un homme qui l’a passé pour l’essentiel en prison ; incarner un personnage encore vivant et dont le visage, après avoir été un mystère pendant ses années de détention, est devenu familier du monde entier. Bille August, cinéaste deux fois palmé à Cannes (Pelle le conquérant, Les Meilleures intentions) mais mal-aimé de la critique (qui lui reproche son académisme) a résolu cette gageure grâce aux mémoires de James Gregory, le geôlier de Nelson Mandela. Choisi par les services secrets sud-africains pour sa connaissance du xhosa, celui-ci a suivi le leader de l’ANC, de près ou de loin, pendant la majorité de sa détention. Il est le vrai héros de Goodbye Bafana. Avec sa femme et de ses enfants, il incarne parfaitement l’état d’esprit de la minorité blanche au long des trente années que parcourt le film : d’une justification aveugle de la logique d’apartheid dans les années 60 et 70 (le film montre le poids de la religion, l’isolement) à la prise de conscience dans les années 80 (lassitude par rapport au terrorisme, à l’opprobre et à l’isolement internationaux) ; à quoi s’ajoute dans le cas de Gregory un respect et une fascination grandissants pour l’opposant emprisonné. La relation entre les deux hommes pourra paraître un peu angéligue (notamment au détour d’une scène de combat au bâton trop belle et symbolique pour être vraie) et le film parfois édulcoré. Mais en se concentrant sur des sud-africains ordinaires, le film livre une vision sans doute plus humaine et plus juste de l'apartheid que les (nombreux) films qui l'ont précédé (qui mettaient généralement en scène la résistance des opposants au régime), et permet de poser la question de la responsabilité individuelle. C'est tout l'intérêt pédagogique de ce film, qu'on pourra utiliser en Histoire-ECJS (et en Education civique au collège) ainsi qu'en Anglais. On se reportera à nos dossiers d'accompagnement dans ces deux disciplines, ainsi qu'au Cinéclasse paru dans Le Monde de l'Education de ce mois-ci.

[Goodbye Bafana de Bille August. 2007. Durée : 1 h 58. Distribution : Paramount Pictures. Sortie le 11 avril]