Hôtel Woodstock : le making-of du festival

Hôtel Woodstock : le making-of du festival

Les amateurs de musique pop passeront leur chemin : pas de Janis Joplin, de Jimi Hendricks ou de Joe Cocker (pour ne prendre que les têtes d'affiche) dans le nouveau film de Ang Lee (pour cela on pourra se référer au documentaire Woodstock de Michael Wadleigh sorti en mars 1970 et téléchargeable gratuitement sur une plateforme légale). Hôtel Woodstock (Taking Woodstock) s’intéresse moins au festival en lui-même (les « trois jours de paix et de musique », en réalité quatre, du 15 au 18 août 1969) qu’à sa genèse et à ses à côtés. Il les raconte du point de vue d’Elliot Tiber, le fils d’hôteliers du coin qui prit une part déterminante à l’événement (qui a raconté son histoire dans un livre autobiographique : Taking Woodstock : a true story of a riot, a concert, and a life) : c’est lui qui, après avoir appris que la ville de Wallkill voisine refusait d’accueillir le festival, appela le businessman hippie Wichael Lang pour lui proposer le terrain de ses parents. C’est finalement le terrain d’un fermier voisin qui fut choisi, mais la famille Tiber sut tirer partie de la venue de près de 500 000 spectateurs.

Tout l’intérêt d’Hôtel Woodstock est d’orchester la confrontation entre la famille Tiber (juive immigrée), la communauté conservatrice du village de White Lake… et la contre-culture dans tous ses avatars la fin des années 1960. Le film peut donc contribuer à définir le modèle américain (Première partie du programme d’Histoire de Terminale) dans les années 1960 : celui-ci est alors contesté par une partie de cette jeunesse qui refuse la guerre du Vietnam et qui forge cette contre-culture dont le film donne un large aperçu (à travers la troupe de théâtre nudiste, la célébration de la drogue, la libération sexuelle, le modèle du hippie avec ses cheveux longs, ses vêtements orientaux…) ; mouvement qui rencontre la résistance de la société américaine de la fin des années 1960, très largement conservatrice (ici le héros n’ose pas avouer son homosexualité à ses parents, eux-mêmes victimes de l’antisémitisme de leurs voisins). Si Woodstock a été considéré comme le symbole festif de cette contre-culture, le film en montre bien les contradictions : il est beaucoup question d’argent dans le film et le festival est d’abord une entreprise commerciale ; ce seront finalement les couches les plus à l’aise de la société qui tireront parti de changements qui laissent les plus modestes désemparés. Si Ang Lee évacue la scène de concert à travers une vision fantasmagorique, il propose des images rendues familières par le documentaire (glissages dans la boue par exemple, embouteillage le plus important de toute l’histoire des Etats-Unis). Son film est à la fois un récit d’apprentissage (il est adapté d’une histoire vraie et du livre d’Elliot Tiber), une reconstitution historique à grand spectacle (qui n’exclut pas le comique), mais dont on regrettera la longueur du dernier tiers.

[Hôtel Woodstock de Ang Lee. 2008. Durée : 2 h. Distribution : Universal Pictures France. Sortie le 23 septembre 2009]

Les amateurs de musique pop passeront leur chemin : pas de Janis Joplin, de Jimi Hendricks ou de Joe Cocker (pour ne prendre que les têtes d'affiche) dans le nouveau film de Ang Lee (pour cela on pourra se référer au documentaire Woodstock de Michael Wadleigh sorti en mars 1970 et téléchargeable gratuitement sur une plateforme légale). Hôtel Woodstock (Taking Woodstock) s’intéresse moins au festival en lui-même (les « trois jours de paix et de musique », en réalité quatre, du 15 au 18 août 1969) qu’à sa genèse et à ses à côtés. Il les raconte du point de vue d’Elliot Tiber, le fils d’hôteliers du coin qui prit une part déterminante à l’événement (qui a raconté son histoire dans un livre autobiographique : Taking Woodstock : a true story of a riot, a concert, and a life) : c’est lui qui, après avoir appris que la ville de Wallkill voisine refusait d’accueillir le festival, appela le businessman hippie Wichael Lang pour lui proposer le terrain de ses parents. C’est finalement le terrain d’un fermier voisin qui fut choisi, mais la famille Tiber sut tirer partie de la venue de près de 500 000 spectateurs.

Tout l’intérêt d’Hôtel Woodstock est d’orchester la confrontation entre la famille Tiber (juive immigrée), la communauté conservatrice du village de White Lake… et la contre-culture dans tous ses avatars la fin des années 1960. Le film peut donc contribuer à définir le modèle américain (Première partie du programme d’Histoire de Terminale) dans les années 1960 : celui-ci est alors contesté par une partie de cette jeunesse qui refuse la guerre du Vietnam et qui forge cette contre-culture dont le film donne un large aperçu (à travers la troupe de théâtre nudiste, la célébration de la drogue, la libération sexuelle, le modèle du hippie avec ses cheveux longs, ses vêtements orientaux…) ; mouvement qui rencontre la résistance de la société américaine de la fin des années 1960, très largement conservatrice (ici le héros n’ose pas avouer son homosexualité à ses parents, eux-mêmes victimes de l’antisémitisme de leurs voisins). Si Woodstock a été considéré comme le symbole festif de cette contre-culture, le film en montre bien les contradictions : il est beaucoup question d’argent dans le film et le festival est d’abord une entreprise commerciale ; ce seront finalement les couches les plus à l’aise de la société qui tireront parti de changements qui laissent les plus modestes désemparés. Si Ang Lee évacue la scène de concert à travers une vision fantasmagorique, il propose des images rendues familières par le documentaire (glissages dans la boue par exemple, embouteillage le plus important de toute l’histoire des Etats-Unis). Son film est à la fois un récit d’apprentissage (il est adapté d’une histoire vraie et du livre d’Elliot Tiber), une reconstitution historique à grand spectacle (qui n’exclut pas le comique), mais dont on regrettera la longueur du dernier tiers.

[Hôtel Woodstock de Ang Lee. 2008. Durée : 2 h. Distribution : Universal Pictures France. Sortie le 23 septembre 2009]