La Terre des hommes rouges : le regard de l'autre
Si l'on n'avait pas peur de déflorer le plaisir du spectateur, on se contenterait de raconter la première scène de La Terre des hommes rouges. Celle-ci résume en effet brillamment le film de Marco Bechis : la révolution (au sens littéral) du regard qu'il propose au spectateur occidental, l'alchimie subtile entre tragique (sublimé par la musique baroque de Domenico Zipoli) et comique qu'il parvient à obtenir. En racontant le combat de Nadio et de sa tribu d'Indiens Guarani-Kaiowa, le film témoigne du mouvement de fond des retomadas, revendications des peuples amérindindiens pour récupérer leurs terres défrichées et exploitées par les grands propriétaires terriens. Mais, même s'il est soutenu par l'association Survival La Terre des hommes rouges est bien plus qu'un film militant : c'est un superbe western (mais un anti-western) dans les terres immenses du Mato Grosso ; c'est aussi un film d'une puissance philosophique rare sur "le regard de l'autre"…Aussi notre dossier pédagogique propose une double approche : en géographie, pour étudier les inégalités de développement ou la résistance face à la mondialisation ; mais également en Français, pour confronter le film aux textes du XVIème au XVIIIème siècle ("les Cannibales" de Montaigne, Jean de Léry, Diderot et son Supplément au voyage de Bougainville…) et s'apercevoir que depuis cette époque, rien ne semble avoir changé dans la relation entre l'Occident et "l'ailleurs"…
[La Terre des hommes rouges de Marco Bechis. 2008. Durée : 1 h 46. Distribution : Océanfilms. Sortie le 17 décembre 2008]
> Le site pédagogique (Dossier pédagogique, Cinéclasse, Liens…)> L'interview de Marco Bechis par le site Vousnousils.fr