Les Chansons d'amour : tragédie musicale

Les Chansons d'amour : tragédie musicale

En baptisant son premier film 17 fois Cécile Cassard, Christophe Honoré avait placé le début de sa carrière cinématographique sous les auspices du cinéma de Jacques Demy. Son incursion dans le genre de la comédie musicale n'est donc pas une surprise, à ceci près qu'il faudrait plutôt situer Les Chansons d'amour dans le registre de la tragédie.Rendons tout d’abord justice à la qualité primordiale du film : les chansons, paroles et musiques, du film de Christophe Honoré sont sublimes, poétiques, irrévérencieuses, allant beaucoup plus loin que les ritournelles gentilletes qui rythmaient Jeanne et le garçon formidable, dernier succès notable de ce genre considéré désormais comme désuet. Julie est en couple avec Ismael depuis un certain temps, trop. Pour mettre de l’air dans leur relation, ils accueillent depuis un mois Alice dans leur lit, mais lors d’un concert, alors qu’Alice entreprend une nouvelle relation nommée Erwann, Julie s’effondre terrassée par une crise cardiaque (le cœur brisé ?). Tandis que son ombre hante l’esprit de tous, Ismael entreprend de sortir la tête du gouffre. Le film divisé en trois parties, "la rupture", "l’absence", "le retour" met en scène un Orphée et une Eurydice modernes, dont le quotidien a usé l’histoire d’amour, en se référant explicitement au mythe d’Orphée pour le lyrisme qui chante celle qui n’est plus, mais aussi dans la séquence où l’ombre de Julie s’efface dans le dos d’Ismael. En relisant Ovide (Métamorphoses), on comprendra dès lors pourquoi Ismael délaisse les amours des jeunes filles pour chanter celles des jeunes garçons. Ludivine Sagnier, à la fois Albertine et Eurydice, impose au film une présence magnétique, que sa disparition sublime, alors que Louis Garrel, irritant au commencement en clone de Jean-Pierre Léaud, réussit à susciter une émotion profonde et véritable. Quant à Gwendal, le frère d’Erwan (Grégoire Leprince-Ringuet), il nous rappelle le Léo si attachant d’une des grandes réussites de Christophe Honoré dans le secteur de la littérature jeunesse, à conseiller aux plus jeunes : Tout contre Léo. De l’hommage à Demy magnifié par Chiara Mastroianni jusqu’à la nouvelle géographie amoureuse du XXI° siècle, la comédie musicale montre qu’elle peut émouvoir et susciter la réflexion. Un bémol toutefois, le mélange de parisianisme bobo, d'afféteries "Nouvelle Vague" et de pures private jokes (les trois personnages lisent des romans publiés par l'éditeur de Christophe Honoré) pourra agacer le spectateur le mieux disposé.

Les Chansons d'amour de Christophe Honoré, Sélection officielle, en compétition

En baptisant son premier film 17 fois Cécile Cassard, Christophe Honoré avait placé le début de sa carrière cinématographique sous les auspices du cinéma de Jacques Demy. Son incursion dans le genre de la comédie musicale n'est donc pas une surprise, à ceci près qu'il faudrait plutôt situer Les Chansons d'amour dans le registre de la tragédie.Rendons tout d’abord justice à la qualité primordiale du film : les chansons, paroles et musiques, du film de Christophe Honoré sont sublimes, poétiques, irrévérencieuses, allant beaucoup plus loin que les ritournelles gentilletes qui rythmaient Jeanne et le garçon formidable, dernier succès notable de ce genre considéré désormais comme désuet. Julie est en couple avec Ismael depuis un certain temps, trop. Pour mettre de l’air dans leur relation, ils accueillent depuis un mois Alice dans leur lit, mais lors d’un concert, alors qu’Alice entreprend une nouvelle relation nommée Erwann, Julie s’effondre terrassée par une crise cardiaque (le cœur brisé ?). Tandis que son ombre hante l’esprit de tous, Ismael entreprend de sortir la tête du gouffre. Le film divisé en trois parties, "la rupture", "l’absence", "le retour" met en scène un Orphée et une Eurydice modernes, dont le quotidien a usé l’histoire d’amour, en se référant explicitement au mythe d’Orphée pour le lyrisme qui chante celle qui n’est plus, mais aussi dans la séquence où l’ombre de Julie s’efface dans le dos d’Ismael. En relisant Ovide (Métamorphoses), on comprendra dès lors pourquoi Ismael délaisse les amours des jeunes filles pour chanter celles des jeunes garçons. Ludivine Sagnier, à la fois Albertine et Eurydice, impose au film une présence magnétique, que sa disparition sublime, alors que Louis Garrel, irritant au commencement en clone de Jean-Pierre Léaud, réussit à susciter une émotion profonde et véritable. Quant à Gwendal, le frère d’Erwan (Grégoire Leprince-Ringuet), il nous rappelle le Léo si attachant d’une des grandes réussites de Christophe Honoré dans le secteur de la littérature jeunesse, à conseiller aux plus jeunes : Tout contre Léo. De l’hommage à Demy magnifié par Chiara Mastroianni jusqu’à la nouvelle géographie amoureuse du XXI° siècle, la comédie musicale montre qu’elle peut émouvoir et susciter la réflexion. Un bémol toutefois, le mélange de parisianisme bobo, d'afféteries "Nouvelle Vague" et de pures private jokes (les trois personnages lisent des romans publiés par l'éditeur de Christophe Honoré) pourra agacer le spectateur le mieux disposé.

Les Chansons d'amour de Christophe Honoré, Sélection officielle, en compétition