Mèche blanche : chemins qui mènent quelque part
Dans le Grand Nord canadien, Mèche blanche, jeune castor, vit paisiblement avec sa mère et sa sœur. A l’abri du barrage entretenu sans cesse par sa mère, chaque jour est une découverte : inventer de nouveaux jeux, apprendre à distinguer ses amis de ses ennemis, discerner les dangers. Mais Mèche blanche rêve d’horizons plus incertains. Lorsque le barrage cède et que le jeune castor est emporté par le courant, ce désir d’émancipation devient réalité, où l’inexpérience peut être fatale."Il était un temps où les hommes […] savaient que chaque goutte d’eau murmure une histoire, chaque pierre cache un conte, chaque arbre recèle une légende." Ainsi commence, à la manière du mythe, ce film où les animaux incarnent de véritables personnages, aux intentions et aux sentiments humains. Il ne s’agit pas d’un documentaire, mais bien d’un conte où l’identification est possible ; d’un conte animalier cependant où la nature a toute son importance. Philippe Calderon entremêle, au fil d’une filmographie en apparence hétéroclite (Michel Foucault par lui-même, La Citadelle assiégée, L’Age d’or de l’islam), histoire, science et philosophie. Il nous invite ici à poser un autre regard sur la nature, à retrouver cette ancienne capacité d’y voir ce que l’on cherche. En quête de sens et non de vérité, le récit en voix off interprète les images. Un autre discours nous ferait voir autre chose. La réalité des personnages et le réalisme des situations rendent parfois difficile une mise à distance nécessaire à un très jeune public. Néanmoins, ce film relativement court (1h17) ouvre aux plus grands des champs de réflexions aussi bien scientifiques (la découverte de la faune du Grand Nord canadien) que littéraires (la structure narrative du conte). La curiosité de Mèche blanche, sa fascination pour l’inconnu, le forceront à endurer des épreuves mais lui permettront aussi de faire des rencontres. Du manque d’un père disparu à la sérénité d’une famille recomposée, de la peur du loup et de l’ignorance à la connaissance et à la maîtrise du monde qui l’entoure, il achèvera ainsi son voyage. Au fil de la rivière, Mèche blanche surmonte les inquiétudes enfantines en allant au bout de ces chemins que les enfants empruntent sans savoir où ils conduisent.
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[Mèche blanche de Philippe Calderon. 2007. Durée : 1 h 17. Distribution : TFM. Sortie le 30 avril 2008]