Mémoires de nos pères

Mémoires de nos pères

 

Premier épisode de la saga consacrée par Clint Eastwood à la bataille d'Iwo Jima, Mémoires de nos pères s'attache à explorer le point de vue américain sur ce sanglant épisode de la Seconde Guerre Mondiale (il faudra attendre 2007 et la sortie de Lettres d'Iwo Jima pour en découvrir la vision japonaise).Mémoires de nos pères est l'adaptation d'un récit de James Bradley dont le père, vétéran de la bataille de l'île d'Iwo Jima, péniblement prise aux Japonais, fit partie des six soldats qui hissèrent le drapeau américain sur le mont Suribachi le 23 février 1945.Cette action fut immortalisée par le photographe Joe Rosenthal. Le film traite l'histoire du cliché de cette scène (voir cette analyse de la photo, parmi 4 autres, proposée le site académique de Strasbourg) destiné à devenir, dans un premier temps le symbole de la future victoire américaine, puis quelques années plus tard une image-emblème (statue) de la force et de la valeur des soldats américains.Grâce à de fréquents flash-backs, Clint Eastwood entrelace l'histoire vécue par ces soldats lors de la prise de cette île avec celle de la tournée des trois survivants de la photographie de Rosenthal aux Etats-Unis, acclamés comme des héros au cours d'une campagne publicitaire destinée à inciter les Américains à acheter des bons de guerre. Ce long-métrage, qui n'est pas un simple film de guerre, mène ainsi une réflexion approfondie sur la construction de l'Histoire : comment passe-t-on de la simple réalité des combats à un épisode légendaire de l'histoire d'une nation ? Eastwood choisit d'y répondre en montrant à la fois la transformation d'une photographie en une icône patriotique comme celle de simples soldats en véritables héros d'une nation.Ce film peut se prêter par ailleurs à un travail pédagogique dans le cadre du programme d'histoire des premières générales et de la Terminale STG, consacré à la Seconde Guerre Mondiale. Il présente en effet la réalité des combats menés lors de la reconquête du Pacifique, qui sont plus rarement abordés au cinéma que les grandes batailles européennes de cette période. Il est utile d'autre part pour comprendre les différents enjeux de la guerre totale menée par les Etats-Unis : la tournée des survivants du cliché de Rosenthal rappelle en effet l'intense travail de propagande mis en oeuvre pour convaincre les Américains du bien-fondé de leur combat comme de l'impérieuse nécessité de financer l'effort de guerre de la nation.On pourra par ailleurs, en inscrivant ce long-métrage dans la filmographie de Clint Eastwood, étudier l'appréhension de l'histoire des Etats-Unis par Hollywood. Le metteur en scène, ancienne icône des westerns et des films policiers américains (Le Bon, la Brute et le Truand ; L'inspecteur Harry), s'interroge en effet depuis plus d'une quinzaine d'années sur les principes fondateurs de l'histoire de son pays, qu'il a lui-même longtemps incarnés. Comme Impitoyable et Space Cow Boys, le film rappelle en effet combien l'allégeance aux épisodes glorieux de la nation et la soumission respectueuse à une généalogie de héros pose problème à un pays qui aujourd'hui met en question la valeur de ses mythes fondateurs.[Mémoires de nos pères de Clint Eastwood. 2006. Durée : 2 h 12. Distribution : Warner Bros. Sortie le 25 octobre 2006]

 

Premier épisode de la saga consacrée par Clint Eastwood à la bataille d'Iwo Jima, Mémoires de nos pères s'attache à explorer le point de vue américain sur ce sanglant épisode de la Seconde Guerre Mondiale (il faudra attendre 2007 et la sortie de Lettres d'Iwo Jima pour en découvrir la vision japonaise).Mémoires de nos pères est l'adaptation d'un récit de James Bradley dont le père, vétéran de la bataille de l'île d'Iwo Jima, péniblement prise aux Japonais, fit partie des six soldats qui hissèrent le drapeau américain sur le mont Suribachi le 23 février 1945.Cette action fut immortalisée par le photographe Joe Rosenthal. Le film traite l'histoire du cliché de cette scène (voir cette analyse de la photo, parmi 4 autres, proposée le site académique de Strasbourg) destiné à devenir, dans un premier temps le symbole de la future victoire américaine, puis quelques années plus tard une image-emblème (statue) de la force et de la valeur des soldats américains.Grâce à de fréquents flash-backs, Clint Eastwood entrelace l'histoire vécue par ces soldats lors de la prise de cette île avec celle de la tournée des trois survivants de la photographie de Rosenthal aux Etats-Unis, acclamés comme des héros au cours d'une campagne publicitaire destinée à inciter les Américains à acheter des bons de guerre. Ce long-métrage, qui n'est pas un simple film de guerre, mène ainsi une réflexion approfondie sur la construction de l'Histoire : comment passe-t-on de la simple réalité des combats à un épisode légendaire de l'histoire d'une nation ? Eastwood choisit d'y répondre en montrant à la fois la transformation d'une photographie en une icône patriotique comme celle de simples soldats en véritables héros d'une nation.Ce film peut se prêter par ailleurs à un travail pédagogique dans le cadre du programme d'histoire des premières générales et de la Terminale STG, consacré à la Seconde Guerre Mondiale. Il présente en effet la réalité des combats menés lors de la reconquête du Pacifique, qui sont plus rarement abordés au cinéma que les grandes batailles européennes de cette période. Il est utile d'autre part pour comprendre les différents enjeux de la guerre totale menée par les Etats-Unis : la tournée des survivants du cliché de Rosenthal rappelle en effet l'intense travail de propagande mis en oeuvre pour convaincre les Américains du bien-fondé de leur combat comme de l'impérieuse nécessité de financer l'effort de guerre de la nation.On pourra par ailleurs, en inscrivant ce long-métrage dans la filmographie de Clint Eastwood, étudier l'appréhension de l'histoire des Etats-Unis par Hollywood. Le metteur en scène, ancienne icône des westerns et des films policiers américains (Le Bon, la Brute et le Truand ; L'inspecteur Harry), s'interroge en effet depuis plus d'une quinzaine d'années sur les principes fondateurs de l'histoire de son pays, qu'il a lui-même longtemps incarnés. Comme Impitoyable et Space Cow Boys, le film rappelle en effet combien l'allégeance aux épisodes glorieux de la nation et la soumission respectueuse à une généalogie de héros pose problème à un pays qui aujourd'hui met en question la valeur de ses mythes fondateurs.[Mémoires de nos pères de Clint Eastwood. 2006. Durée : 2 h 12. Distribution : Warner Bros. Sortie le 25 octobre 2006]