Mon meilleur ennemi : Barbie, un enfant du siècle

Mon meilleur ennemi : Barbie, un enfant du siècle

Cinéaste passionné par l’Histoire, Kevin Macdonald l'a abordé par deux biais complémentaires : la fiction "inspirée de faits réels" (Le Dernier roi d'Ecosse sur le "règne" d'Idi Amin Dada), et le documentaire-thriller. Peu de cinéastes savent la rendre aussi haletante, au risque sans doute de la simplification, mais au bénéfice d'une grande puissance d'évocation.Mon meilleur ennemi (My ennemy’s ennemy) retrace la biographie d’un bourreau que l’on ne saurait qualifier "d’ordinaire" : Klaus Barbie, le tristement célèbre "boucher de Lyon", le tortionnaire de Jean Moulin, le responsable de la rafle des enfants d’Izieu. Klaus Barbie, le nazi traqué par les Klarsfeld, le condamné du procès "pour l’Histoire" de 1987.L'intérêt du film est justement de ne pas se limiter pas à ces deux événements qui ont marqué la mémoire des Français. Il explore également l’itinéraire sinueux d’un véritable "enfant du siècle", un homme qui sut en tout cas toujours exploiter les revirements de l'Histoire. Si le récit des années d’avant-guerre offre relativement peu d’intérêt (était-il vraiment utile de chercher des ressorts biographiques ou psychologiques aux comportements de Barbie ?), le film trouve toute sa dimension dans l'évocation de la période qui s’ouvre à la capitulation allemande : loin d’être jugé et condamné comme criminel de guerre, l’ex-SS est en quelque sorte recyclé par le contre-espionnage américain, qui à l'orée de la "Guerre Froide" cherche des spécialistes de la lutte anti-bolchévique. Documentée par de nombreux témoignages et images d'archive, la réalité dépasse ici la fiction (ainsi The Good German qui brodait sur le même thème). Suite aux remous provoqués par le procès en France de René Hardy dans l’affaire de Caluire, Barbie sera contraint de s’exiler, et s’installera en Bolivie. Là encore, ses qualités d'"expert" de la torture et du contre-espionnage feront merveille au service des juntes successives.De manière sans doute moins subtile mais aussi plus accessible que le film de Barbet Schroeder sur l’avocat Jacques Vergès (L'Avocat de la Terreur), Mon meilleur ennemi nous promène donc dans les coulisses de l’histoire contemporaine, et dénonce notamment le cynisme de la politique internationale américaine…On pourra poursuivre le voyage sur le très documenté site du film (il présente notamment la plupart des intervenants interviewés dans le film), mais également sur le site pédagogique, qui propose deux dossiers : le supplément Cinéclasse du Monde de l'Education, et un dossier pédagogique réalisé par un enseignant d'Histoire, qui s'efforce de replacer les "trois vies" de Klaus Barbie dans le cadre des programmes d'Histoire.

[Mon meilleur ennemi de Kevin Macdonald. 2007. Durée : 1 h 27. Distribution : Wild Bunch. Sortie le 7 novembre 2007]

Cinéaste passionné par l’Histoire, Kevin Macdonald l'a abordé par deux biais complémentaires : la fiction "inspirée de faits réels" (Le Dernier roi d'Ecosse sur le "règne" d'Idi Amin Dada), et le documentaire-thriller. Peu de cinéastes savent la rendre aussi haletante, au risque sans doute de la simplification, mais au bénéfice d'une grande puissance d'évocation.Mon meilleur ennemi (My ennemy’s ennemy) retrace la biographie d’un bourreau que l’on ne saurait qualifier "d’ordinaire" : Klaus Barbie, le tristement célèbre "boucher de Lyon", le tortionnaire de Jean Moulin, le responsable de la rafle des enfants d’Izieu. Klaus Barbie, le nazi traqué par les Klarsfeld, le condamné du procès "pour l’Histoire" de 1987.L'intérêt du film est justement de ne pas se limiter pas à ces deux événements qui ont marqué la mémoire des Français. Il explore également l’itinéraire sinueux d’un véritable "enfant du siècle", un homme qui sut en tout cas toujours exploiter les revirements de l'Histoire. Si le récit des années d’avant-guerre offre relativement peu d’intérêt (était-il vraiment utile de chercher des ressorts biographiques ou psychologiques aux comportements de Barbie ?), le film trouve toute sa dimension dans l'évocation de la période qui s’ouvre à la capitulation allemande : loin d’être jugé et condamné comme criminel de guerre, l’ex-SS est en quelque sorte recyclé par le contre-espionnage américain, qui à l'orée de la "Guerre Froide" cherche des spécialistes de la lutte anti-bolchévique. Documentée par de nombreux témoignages et images d'archive, la réalité dépasse ici la fiction (ainsi The Good German qui brodait sur le même thème). Suite aux remous provoqués par le procès en France de René Hardy dans l’affaire de Caluire, Barbie sera contraint de s’exiler, et s’installera en Bolivie. Là encore, ses qualités d'"expert" de la torture et du contre-espionnage feront merveille au service des juntes successives.De manière sans doute moins subtile mais aussi plus accessible que le film de Barbet Schroeder sur l’avocat Jacques Vergès (L'Avocat de la Terreur), Mon meilleur ennemi nous promène donc dans les coulisses de l’histoire contemporaine, et dénonce notamment le cynisme de la politique internationale américaine…On pourra poursuivre le voyage sur le très documenté site du film (il présente notamment la plupart des intervenants interviewés dans le film), mais également sur le site pédagogique, qui propose deux dossiers : le supplément Cinéclasse du Monde de l'Education, et un dossier pédagogique réalisé par un enseignant d'Histoire, qui s'efforce de replacer les "trois vies" de Klaus Barbie dans le cadre des programmes d'Histoire.

[Mon meilleur ennemi de Kevin Macdonald. 2007. Durée : 1 h 27. Distribution : Wild Bunch. Sortie le 7 novembre 2007]