Pollen : dîtes-le avec des fleurs

Pollen : dîtes-le avec des fleurs

Un dîner entre amis, la fête des mères, la Saint-Valentin, autant d’occasions où, par facilité, nous nous dirigeons vers le fleuriste du quartier… Pourtant, derrière chacun des pétales du bouquet se cache une histoire dont on se préoccupe peu. L’objectif de Louie Schwartzberg dans son film Pollen, deuxième opus du label Disneynature après Les Ailes Pourpres, est de nous éclairer sur le rôle des fleurs dans l’évolution de notre planète. En effet, les fleurs occupent une place importante dans les écosystèmes puisque les végétaux sont à la base de toutes les chaînes alimentaires et, que, de par l’utilisation de chacun de leurs organes (graines, feuilles, racines, tiges) les végétaux permettent l’alimentation humaine. Ce n’est toutefois pas tout à fait l'angle choisi par Pollen : le film traite plutôt des pollinisateurs, ces animaux qui, à leur insu, dispersent le pollen de ces fleurs. Ainsi, nous découvrons grâce à de superbes images (ralenties parfois ou accélérées) comment le colibri, les abeilles, la chauve-souris et le papillon monarque participent à la reproduction sexuée des végétaux. Le parti pris de Pollen est de filmer la relation qui unit chaque animal à une espèce particulière comme une véritable relation amoureuse, en multipliant les scènes "torrides" : ainsi la forme des pétales de l’orchidée baquet qui oblige l’abeille mâle à se faufiler par un chemin précis et si exigu que deux sacs gorgés de pollen se collent sur son dos. On l'aura compris, l'esthétisme est à la fois l'atout et la limite de Pollen, dont le titre original était sans doute plus parlant : Naked Beauty : A Love Story that Feeds the Earth. Avoir l’ambition de traiter de pollen sans en expliquer son origine et son devenir semble relever de l’impossible, et on s'étonne de ne jamais entendre les termes "étamines" et "pistil" dans le commentaire, de même que de quelques scientifiques. Le film est également timide sur les conséquences des activités humaines, se contentant de constater que le nombre d’abeilles diminue tandis que l’utilisation des pesticides et cie augmente. Quid des produits phytosanitaires et de leurs effets sur ces pollinisateurs ? Ces substances censées prendre soin des plantes agricoles, ont elles des conséquences sur ces animaux qui permettent la pérennité des espèces végétales ? Sans tomber dans une dénonciation explicite des pratiques agricoles, le film se contente de tirer le signal d'alarme, rappelant qu'un tiers de notre alimentation dépend des pollinisateurs… Ni scientifique, ni polémique, ce film laisse le spectateur prêt à éternuer et à évacuer ce Pollen allergène trop rapidement. 1h17 de belles images, et ce n’est pas si mal, pour illustrer que les fleurs sont essentielles sur notre planète, tout comme chacun des êtres qui y vivent. Un imagier bien pratique si l’on souhaite, au collège illustrer les relations entre les êtres vivants ou le peuplement d’un milieu par les végétaux ou encore amorcer une réflexion sur l’influence de l’Homme sur le peuplement des milieux, thèmes au programme de Sixième en Sciences de la Vie et de la Terre. Le déficit d'explications scientifiques est un réel frein à l’exploitation des séquences de ce film aux autres niveaux du Secondaire mais il peut aisément être l’objet d’une situation d’appel avec des élèves de Primaire, puisqu’ils semblent être la cible privilégiée de Pollen. Et après ? Il faut espérer que ce film n’ait pas le même destin que le bouquet embellissant un temps le vase du salon avant de finir au vide-ordure.

[Pollen de Louie Schwartzberg. 2008. Durée : 77 mn. Distribution : Walt Disney France. Sortie le 16 mars 2011]

Un dîner entre amis, la fête des mères, la Saint-Valentin, autant d’occasions où, par facilité, nous nous dirigeons vers le fleuriste du quartier… Pourtant, derrière chacun des pétales du bouquet se cache une histoire dont on se préoccupe peu. L’objectif de Louie Schwartzberg dans son film Pollen, deuxième opus du label Disneynature après Les Ailes Pourpres, est de nous éclairer sur le rôle des fleurs dans l’évolution de notre planète. En effet, les fleurs occupent une place importante dans les écosystèmes puisque les végétaux sont à la base de toutes les chaînes alimentaires et, que, de par l’utilisation de chacun de leurs organes (graines, feuilles, racines, tiges) les végétaux permettent l’alimentation humaine. Ce n’est toutefois pas tout à fait l'angle choisi par Pollen : le film traite plutôt des pollinisateurs, ces animaux qui, à leur insu, dispersent le pollen de ces fleurs. Ainsi, nous découvrons grâce à de superbes images (ralenties parfois ou accélérées) comment le colibri, les abeilles, la chauve-souris et le papillon monarque participent à la reproduction sexuée des végétaux. Le parti pris de Pollen est de filmer la relation qui unit chaque animal à une espèce particulière comme une véritable relation amoureuse, en multipliant les scènes "torrides" : ainsi la forme des pétales de l’orchidée baquet qui oblige l’abeille mâle à se faufiler par un chemin précis et si exigu que deux sacs gorgés de pollen se collent sur son dos. On l'aura compris, l'esthétisme est à la fois l'atout et la limite de Pollen, dont le titre original était sans doute plus parlant : Naked Beauty : A Love Story that Feeds the Earth. Avoir l’ambition de traiter de pollen sans en expliquer son origine et son devenir semble relever de l’impossible, et on s'étonne de ne jamais entendre les termes "étamines" et "pistil" dans le commentaire, de même que de quelques scientifiques. Le film est également timide sur les conséquences des activités humaines, se contentant de constater que le nombre d’abeilles diminue tandis que l’utilisation des pesticides et cie augmente. Quid des produits phytosanitaires et de leurs effets sur ces pollinisateurs ? Ces substances censées prendre soin des plantes agricoles, ont elles des conséquences sur ces animaux qui permettent la pérennité des espèces végétales ? Sans tomber dans une dénonciation explicite des pratiques agricoles, le film se contente de tirer le signal d'alarme, rappelant qu'un tiers de notre alimentation dépend des pollinisateurs… Ni scientifique, ni polémique, ce film laisse le spectateur prêt à éternuer et à évacuer ce Pollen allergène trop rapidement. 1h17 de belles images, et ce n’est pas si mal, pour illustrer que les fleurs sont essentielles sur notre planète, tout comme chacun des êtres qui y vivent. Un imagier bien pratique si l’on souhaite, au collège illustrer les relations entre les êtres vivants ou le peuplement d’un milieu par les végétaux ou encore amorcer une réflexion sur l’influence de l’Homme sur le peuplement des milieux, thèmes au programme de Sixième en Sciences de la Vie et de la Terre. Le déficit d'explications scientifiques est un réel frein à l’exploitation des séquences de ce film aux autres niveaux du Secondaire mais il peut aisément être l’objet d’une situation d’appel avec des élèves de Primaire, puisqu’ils semblent être la cible privilégiée de Pollen. Et après ? Il faut espérer que ce film n’ait pas le même destin que le bouquet embellissant un temps le vase du salon avant de finir au vide-ordure.

[Pollen de Louie Schwartzberg. 2008. Durée : 77 mn. Distribution : Walt Disney France. Sortie le 16 mars 2011]