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Of time and the city : le temps retrouvé


Distant voices, Still lives (1988) The Long Day Closes (1991) : les deux films autobiographiques de Terence Davies restent à jamais gravés dans la mémoire des cinéphiles. Après des adaptations au ton moins personnel (The Neon Bible et The House of Mirth d’après respectivement John Kennedy Toole et Edith Wharton), le réalisateur anglais revient arpenter son territoire d’élection, son enfance liverpudlienne. Mais il troque cette fois les masques de la fiction pour ce qu’on pourrait appeler "l’auto-documentaire" : soit un portrait croisé de l’artiste en jeune garçon puis en adolescent et de la grande cité industrieuse des bords de la Mersey.Le premier nous est présenté par la voix-off lue par Terence Davies lui-même, qui à la manière des "je me souviens" de Perec évoque ses souvenirs (son rapport au catholicisme, sa passion pour le cinéma et la musique, la découverte adolescente de son homosexualité) ; la seconde se déploie dans toute sa splendeur à travers les somptueuses images d’archive patiemment réunies et agencées. Film de montage, Of time and the city joue avec brio sur l’alliance entre les images (films amateurs, bande d’actualités, fonds cinématographique de la ville, photos en noir et blanc) et le son, commentaire en voix-off (souvenirs, poèmes, citations) mais également musiques. C’est peut-être d’ailleurs dans ces moments où le commentaire se tait et laisse place aux chansons (déjà omniprésentes dans les deux films autobiographiques de Davies) que le film le plus, comme s’il touchait là à l’essence même du souvenir.Qu’on ne se laisse d’ailleurs pas impressionner ou rebuter par la séquence inaugurale, avec son ton un peu grandiloquent et ses plans de bâtiments déserts (le Saint George’s Hall, la cathédrale) : la vie bouillonne et éclate dans Of time and the city, à la fois dans les souvenirs du jeune Davies (qui raconte comment il frissonne devant les corps dénudés des catcheurs) et les images du petit peuple de Liverpool (au stade, au champ de course, sur les plages de New Brighton). Le film vibre d’ailleurs de tendresse pour les humbles scousers, et de nostalgie pour les grandes heures passées de la cité, qui connut un irrémédiable déclin à partir de la fin des années soixante : en quelques années, la ville passe de joyau de la couronne à "anus mundi", (autrement dit le trou du cul du monde ) comme le dit Davies, reprenant l’expression à Primo Levi. Au-delà des souvenirs personnels c’est ainsi, en filigrane, l’histoire de la ville elle-même que le film déroule, mêlant les mouvements historiques de fond qui amorcent son déclin (désindustrialisation, décolonisation) et l'écume des événements du jour (le départ des soldats pour la guerre de Corée, le mariage royal, l’inauguration de la grande cathédrale). Par sa densité historique, la qualité littéraire du commentaire, la grâce du montage, le film de Terence Davies devrait ravir les enseignants d'anglais.

Of time and the city de Terence Davies. 2008. Durée : 1 h 14. Distribution : Jour2fête. Sortie le 4 février 2009


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