Zombillenium©Gebeka Films

Zombillénium revisite la lutte des classes façon épouvante

Critique
de Arthur De Pins et Alexis Ducord
78 minutes 2017

C’est l’histoire d’un parc d’attractions pas tout à fait comme les autres. Un parc d’attraction spécialisé dans l’horreur mais où l’on ne trouve ni squelettes en plastique ni humains déguisés en loup garou. À Zombillénium, tous les monstres existent « pour de vrai ». Les employés sont d’anciens humains devenus, après leur décès, zombies, vampires, loups garous ou autres.
Mais voilà que la révolte gronde : les employés-morts-vivants en ont marre. Marre que Steven, le vampire beau-gosse, leur vole constamment la vedette, marre de travailler le week-end, marre des visiteurs égoïstes qui viennent au parc. C’est à ce moment qu’arrive Hector, ancien contrôleur des normes transformé en loup-garou par le patron du parc suite à un contrôle-qualité un peu trop poussé. D’abord un peu déboussolé par sa nouvelle condition Hector devient peu à peu la nouvelle attraction du parc, déterminé à sauver Zombillénium de la fermeture.

Il n’est pas tout à fait anodin que Zombillénium , l'adaptation de la BD à succès d'Arthur de Pins, soit accompagné en salles par Gebeka Films, le distributeur de Ma vie de courgette. Les deux œuvres portent en effet la même ambition : réconcilier adultes et enfants autour d’une animation à la fois plaisante et intelligente.
Zombillénium ne manquera pas de plaire aux plus jeunes. C’est, avant tout, un bon film d’aventures, où deux récits sont menés en parallèle : celui d’Hector, qui doit lutter contre une armée de vampires bien décidée à prendre le contrôle du parc ; et celui de Lucie, sa fille, déterminée à retrouver son père disparu. Le film va de péripétie en péripétie, identifie rapidement des méchants et des gentils, et multiplie les références auxquels les (pré)adolescents seront sensibles. Steven est, évidemment, une copie du très célèbre Edward de Twilight, et il est plusieurs fait mention de la série à succès The Walking Dead.
Mais le film ménage également un deuxième niveau de lecture tout à fait adapté aux adultes. Le récit d’aventures se double d’une comédie sociale très convaincante, qui s’interroge sur le monde du travail. Zombillénium traite, pêle-mêle de la lutte des classes (zombies versus vampires), de la violence du capitalisme (l’impératif de rentabilité du parc) et des dérives du consumérisme.

Sous ses dehors de divertissement, Zombillénium peut ainsi parfaitement donner lieu à une exploitation pédagogique intéressante, aux Cycles 4 et 5. En classe de français niveau 6e, le film s’intègrera très bien à l’objet d’étude « Le monstre aux limites de l’humain », par sa représentation de monstres parfaitement humanisés. En 4e, le film pourra ouvrir ou prolonger un séquence sur le récit fantastique dans l'objet d'étude « La fiction pour interroger le réel ».