La Forêt des songes : il n'y a pas de pas perdus

Critique

La Forêt des songes : il n'y a pas de pas perdus

Fraîchement accueilli lors de sa présentation en Sélection Officielle, le dernier film de Gus Van Sant nous raconte la rédemption d’un suicidaire, l’américain Arthur Brennan (Matthew Mac Conaughey), qui se rend au Japon pour se suicider dans la forêt d’Aokigahara au pied du mont Fuji, célèbre rendez-vous des désespérés. Au moment de passer à l’acte, Arthur aperçoit un homme blessé et désorienté, suicidaire repenti (Takumi, interprété par Ken Watanabe) et entreprend de l’aider à sortir de cette forêt labyrinthique. Les deux hommes s’engagent alors dans une odyssée qui tient à la fois des émissions de survie du type Man vs wild et de la quête initiatique.

Qu’est-ce qui peut pousser un homme à en finir avec la vie ? L’errance des deux hommes est entrecoupée de flash-backs explorant le passé de l’américain, comme une plongée dédaléenne dans les souvenirs d’Arthur, afin de tenter de saisir la clé de son mal-être. S’ils dessinent le tableau d’une vie conjugale à la fois morne et heurtée, ils se révèlent progressivement comme autant de fausses pistes. L’alternance entre les souvenirs et le présent finit par faire se superposer les personnages de l’épouse Joan (Naomi Watts) et de Takumi. Le souvenir de Mizoguchi et de ses Contes de la lune vague après la pluie hante le film de Gus Van Sant, comme ces morts que le duo rencontre et qui lui offrent fortuitement les ressources pour survivre, comme ces chants mystérieux que le rationnel Arthur (il est professeur de physique) prend pour des cris d’animaux quand Takumi invoque la voix des esprits.

Là où certains verront la lourdeur d'une morale américaine à deux sous, nous avons trouvé une chronique conjugale pleine de justesse, parce qu’elle laisse toute sa place au quotidien et fait passer le personnage de Joan du statut de mégère aigrie à celui d’enfant, une enfant amoureuse d’Un Américain à Paris (comme ici Arthur est un Américain au Japon), et du conte Hansel et Gretel. De fait, le personnage central du film n’est autre que cette forêt que la caméra du réalisateur réussit à rendre vivante ; la forêt, ce domaine périlleux depuis la littérature médiévale où l’on peut faire de bonnes et de mauvaises rencontres, toujours magiques, où l’on est sommé de faire des choix, toujours vitaux pour l’âme et l’esprit. Finalement ce film, qui nous montre un homme en crise, nous raconte qu’il n’y a pas de pas perdus, que se perdre ou perdre l’autre fait partie de notre vie et qu’on a tout à gagner à le comprendre…

Critique

Fraîchement accueilli lors de sa présentation en Sélection Officielle, le dernier film de Gus Van Sant nous raconte la rédemption d’un suicidaire, l’américain Arthur Brennan (Matthew Mac Conaughey), qui se rend au Japon pour se suicider dans la forêt d’Aokigahara au pied du mont Fuji, célèbre rendez-vous des désespérés. Au moment de passer à l’acte, Arthur aperçoit un homme blessé et désorienté, suicidaire repenti (Takumi, interprété par Ken Watanabe) et entreprend de l’aider à sortir de cette forêt labyrinthique. Les deux hommes s’engagent alors dans une odyssée qui tient à la fois des émissions de survie du type Man vs wild et de la quête initiatique.

Qu’est-ce qui peut pousser un homme à en finir avec la vie ? L’errance des deux hommes est entrecoupée de flash-backs explorant le passé de l’américain, comme une plongée dédaléenne dans les souvenirs d’Arthur, afin de tenter de saisir la clé de son mal-être. S’ils dessinent le tableau d’une vie conjugale à la fois morne et heurtée, ils se révèlent progressivement comme autant de fausses pistes. L’alternance entre les souvenirs et le présent finit par faire se superposer les personnages de l’épouse Joan (Naomi Watts) et de Takumi. Le souvenir de Mizoguchi et de ses Contes de la lune vague après la pluie hante le film de Gus Van Sant, comme ces morts que le duo rencontre et qui lui offrent fortuitement les ressources pour survivre, comme ces chants mystérieux que le rationnel Arthur (il est professeur de physique) prend pour des cris d’animaux quand Takumi invoque la voix des esprits.

Là où certains verront la lourdeur d'une morale américaine à deux sous, nous avons trouvé une chronique conjugale pleine de justesse, parce qu’elle laisse toute sa place au quotidien et fait passer le personnage de Joan du statut de mégère aigrie à celui d’enfant, une enfant amoureuse d’Un Américain à Paris (comme ici Arthur est un Américain au Japon), et du conte Hansel et Gretel. De fait, le personnage central du film n’est autre que cette forêt que la caméra du réalisateur réussit à rendre vivante ; la forêt, ce domaine périlleux depuis la littérature médiévale où l’on peut faire de bonnes et de mauvaises rencontres, toujours magiques, où l’on est sommé de faire des choix, toujours vitaux pour l’âme et l’esprit. Finalement ce film, qui nous montre un homme en crise, nous raconte qu’il n’y a pas de pas perdus, que se perdre ou perdre l’autre fait partie de notre vie et qu’on a tout à gagner à le comprendre…