Promised Land : Elvis, une biographie de l'Amérique

Critique

Promised Land : Elvis, une biographie de l'Amérique

Et si on pouvait lire dans le destin d'Elvis Presley un précipité de l'histoire des Etats-Unis d'Amerique ? Mélange de road movie musical et de film d'archives, Promised Land nous propose un voyage dans le temps et dans l'espace, à la recherche d'une certaine idée de l'Amérique.

À bord d'une Rolls Royce ayant appartenu au "King", Eugène Jarecki sillonne les lieux de la légende, de son Mississippi natal jusqu'au Vegas des dernières années, en passant par New York et Hollywood ; il interroge proches, témoins ou quidams, musiciens ou historiens, alternant passé et présent, témoignages et extraits musicaux. A travers ces éclairages contrastés, Promised Land fait ressortir la richesse symbolique du chanteur devenue icône. Comment cette incarnation parfaite du rêve américain (le garçon parti de rien qui devient une star par la seule grâce de son talent et la force de sa détermination) a-t-elle pu se muer en sa caricature grimaçante, mort à quarante-deux ans d'overdose sur la cuvette de ses toilettes, bouffi de junkfood et de médicaments ? Derrière cette question en affleure une autre : comment l'Amérique, triomphante et optimiste, des fifties a-t-elle pu accoucher de celle, anxieuse et revancharde, qui portera Donald Trump au pouvoir (le film a été tourné pendant la campagne de 2016) ? Et le film d’analyser l’explosion de Presley (dont le rôle — controversé— fut de faire accepter la musique noire au public blanc), son positionnement patriotique (l’opposant, sur la question du service militaire, au réfractaire Mohamed Ali) et la dérive mercantile (sous l’influence du fameux Colonel Parker) qui l’entraîna dans des choix artistiques et personnels systématiquement désastreux. Servi par un montage percutant (notamment dans l’utilisation des archives), Eugene Jarecki propose, bien plus qu’un biopic musical, un jeu de miroir passionnant entre un pays et son idole.

Critique

Et si on pouvait lire dans le destin d'Elvis Presley un précipité de l'histoire des Etats-Unis d'Amerique ? Mélange de road movie musical et de film d'archives, Promised Land nous propose un voyage dans le temps et dans l'espace, à la recherche d'une certaine idée de l'Amérique.

À bord d'une Rolls Royce ayant appartenu au "King", Eugène Jarecki sillonne les lieux de la légende, de son Mississippi natal jusqu'au Vegas des dernières années, en passant par New York et Hollywood ; il interroge proches, témoins ou quidams, musiciens ou historiens, alternant passé et présent, témoignages et extraits musicaux. A travers ces éclairages contrastés, Promised Land fait ressortir la richesse symbolique du chanteur devenue icône. Comment cette incarnation parfaite du rêve américain (le garçon parti de rien qui devient une star par la seule grâce de son talent et la force de sa détermination) a-t-elle pu se muer en sa caricature grimaçante, mort à quarante-deux ans d'overdose sur la cuvette de ses toilettes, bouffi de junkfood et de médicaments ? Derrière cette question en affleure une autre : comment l'Amérique, triomphante et optimiste, des fifties a-t-elle pu accoucher de celle, anxieuse et revancharde, qui portera Donald Trump au pouvoir (le film a été tourné pendant la campagne de 2016) ? Et le film d’analyser l’explosion de Presley (dont le rôle — controversé— fut de faire accepter la musique noire au public blanc), son positionnement patriotique (l’opposant, sur la question du service militaire, au réfractaire Mohamed Ali) et la dérive mercantile (sous l’influence du fameux Colonel Parker) qui l’entraîna dans des choix artistiques et personnels systématiquement désastreux. Servi par un montage percutant (notamment dans l’utilisation des archives), Eugene Jarecki propose, bien plus qu’un biopic musical, un jeu de miroir passionnant entre un pays et son idole.