Benda Bilili ! : Ricky, Roger, Coco… et les autres

Benda Bilili ! : Ricky, Roger, Coco… et les autres

S’il fallait situer Benda Bilili ! sur la carte du cinéma documentaire, on serait obligé de désigner un lieu bien improbable, quelque part entre Buena Vista Social Club de Wim Wenders (pour la musique et la success story) et Le Cauchemar de Darwin d'Hubert Sauper (pour la description sans fard d'une Afrique déshéritée).

C’est dire l’originalité et la nouveauté d’un film dont les — improbables — héros ont volé la vedette aux stars du dernier festival de Cannes. Benda Bilili ! c’est avant tout une rencontre, entre les documentaristes français Renaud Barret et Florent de la Tullaye, et un groupe de musiciens vivant dans les rues de Kinshasa, le Staff Benda Bililli. Non content de filmer les musiciens après les avoir rencontrés en 2005, les cinéastes se sont mis en tête de les aider à enregistrer un disque pour se faire connaître en Europe. L’aventure prendra cinq ans, « des bidonvilles de Kinshasa au triomphe international » (pour reprendre le slogan publicitaire du film), qui correspondent au temps du tournage et à celui du film. Benda Bilili ! est à l’image de cet itinéraire un peu chaotique : baroque et un peu bancal parfois dans ses ellipses de plusieurs années, ses accélérations, ses coupures (l'incendie du centre pour handicapés qui jette les musiciens à la rue et interrompt une première tentative d’enregistrement), mais aussi la relation très particulière qui unit les cinéastes à leurs personnages. Mais le film "carbure" à deux puissantes sources : la sincérité, indéniable, de ses réalisateurs, et l’énergie, — apparemment — inépuisable, de ses personnages. Ricky, Roger, Coco, Junana et les autres font preuve d'une résistance hors du commun, malgré le handicap, malgré la misère, malgré les coups du sort, et cette force vitale irradie à la fois leur musique et le film. A travers le véritable — et véridique — conte de fées que constitue l’aventure de ces musiciens noirs, pauvres et handicapés, qui arrivent malgré tout à forcer leur destin, le film a le mérite de montrer l'Afrique (en l'occurence la vie quotidienne du petit peuple de Kinshasa) sans condescendance ou misérabilisme. Véritable leçon de vie et d’humilité, le film peut constituer ainsi également une leçon de géographie et ce dès les premières classes du collège : il montre d'une manière concrète et vivante le quotidien et les espaces d'une grande métropole africaine (Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, 12 millions d'habitants). C'est ce que notre dossier pédagogique propose d'étudier à travers le film, dans le cadre des nouveaux programmes de Sixième, Cinquième et Seconde.

[Benda Bilili ! De Renaud Barret et Florent de la Tullaye. 2010. Durée : Distribution : Sophie Dulac Distribution. Sortie le 8 septembre 2010]

S’il fallait situer Benda Bilili ! sur la carte du cinéma documentaire, on serait obligé de désigner un lieu bien improbable, quelque part entre Buena Vista Social Club de Wim Wenders (pour la musique et la success story) et Le Cauchemar de Darwin d'Hubert Sauper (pour la description sans fard d'une Afrique déshéritée).

C’est dire l’originalité et la nouveauté d’un film dont les — improbables — héros ont volé la vedette aux stars du dernier festival de Cannes. Benda Bilili ! c’est avant tout une rencontre, entre les documentaristes français Renaud Barret et Florent de la Tullaye, et un groupe de musiciens vivant dans les rues de Kinshasa, le Staff Benda Bililli. Non content de filmer les musiciens après les avoir rencontrés en 2005, les cinéastes se sont mis en tête de les aider à enregistrer un disque pour se faire connaître en Europe. L’aventure prendra cinq ans, « des bidonvilles de Kinshasa au triomphe international » (pour reprendre le slogan publicitaire du film), qui correspondent au temps du tournage et à celui du film. Benda Bilili ! est à l’image de cet itinéraire un peu chaotique : baroque et un peu bancal parfois dans ses ellipses de plusieurs années, ses accélérations, ses coupures (l'incendie du centre pour handicapés qui jette les musiciens à la rue et interrompt une première tentative d’enregistrement), mais aussi la relation très particulière qui unit les cinéastes à leurs personnages. Mais le film "carbure" à deux puissantes sources : la sincérité, indéniable, de ses réalisateurs, et l’énergie, — apparemment — inépuisable, de ses personnages. Ricky, Roger, Coco, Junana et les autres font preuve d'une résistance hors du commun, malgré le handicap, malgré la misère, malgré les coups du sort, et cette force vitale irradie à la fois leur musique et le film. A travers le véritable — et véridique — conte de fées que constitue l’aventure de ces musiciens noirs, pauvres et handicapés, qui arrivent malgré tout à forcer leur destin, le film a le mérite de montrer l'Afrique (en l'occurence la vie quotidienne du petit peuple de Kinshasa) sans condescendance ou misérabilisme. Véritable leçon de vie et d’humilité, le film peut constituer ainsi également une leçon de géographie et ce dès les premières classes du collège : il montre d'une manière concrète et vivante le quotidien et les espaces d'une grande métropole africaine (Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, 12 millions d'habitants). C'est ce que notre dossier pédagogique propose d'étudier à travers le film, dans le cadre des nouveaux programmes de Sixième, Cinquième et Seconde.

[Benda Bilili ! De Renaud Barret et Florent de la Tullaye. 2010. Durée : Distribution : Sophie Dulac Distribution. Sortie le 8 septembre 2010]