Alain Tixier nous propose avec Bonobos un très joli docu-fiction sur ces individus génétiquement si proches de nous, nous emmenant sur les traces de Beni, un jeune bonobo, vivant dans la forêt tropicale de la grande cuvette du bassin forestier du Fleuve Congo (en RDC). L'histoire de Beni commence sereinement parmi les siens, solidement accroché au pelage de sa mère. Le spectateur, Homo sapiens sapiens, confortablement installé dans son fauteuil de ciné, découvre les modes de vie, d’éducation, de communication de cette société de Pan panicus, peu hiérarchisée et où on ne dénote que peu d’agressivité. Le moindre conflit est rapidement apaisé par des accouplements. Puis, Claudine André, fondatrice et directrice du "paradis des bonobos", véritable havre de paix, de reconstruction physique et morale pour ces primates orphelins, maltraités, vendus sur le marché de Kinshasa comme animaux domestiques, explique son engagement pour assurer à cette espèce en danger une pérennité. Son « Lola ya bonobo » ne doit pas être juste un point de chute pour les singes mais un point de départ : elle raconte, avec une voix paisible et douce, comment elle décide de relâcher certains de ses pensionnaires (ceux qui passeront avec succès tous les tests et qui montreront des aptitudes face à l’inconnu) en milieu sauvage. Enfin Bonobos se met dans la peau de Béni pour nous faire partager sa vision de la vie : celle qu’il partage avec sa famille, puis les péripéties qui le conduisent dans les bras d’Espérance, sa maman d’adoption. Cette partie est à la fois la plus intéressante et la plus maladroite du film. Les paroles que le film prête à Béni en voix off semblent souvent redondantes et naïves ("Je suis un grand singe comme vous, laissez-moi partir."), quand son regard aurait suffi à faire passer le message. Ces commentaires anthropomorphiques sont toutefois la meilleure porte d'entrée pour le jeune spectateur. Certains plans (la vision de Béni lorsqu’il est trimballé dans sa cage de capture) sont très efficaces et permettent de se glisser dans la peau de ce petit qui à l’image d’un autre animal rendu célèbre par Disney vient de perdre sa mère tuée par des braconniers (on remarquera la consonance Bambi/Beni). En classe, aussi bien au Primaire qu’au Collège, ce film doit servir de support pour soulever des questions liées à l’environnement et l’importance de sa préservation notamment pour ces espèces endémiques, liées à la biodiversité. Il peut même illustrer la phylogénie buissonnante de la lignée humaine étudiée en Sciences de la Vie et de la Terre (niveau Terminale S).
[Bonobos d'Alain Tixier. 2011. Durée : 1 h 30. Distribution : SND. Sortie le 30 mars 2011]
