Elle s'appelle Sabine : démarche politique, geste de cinéaste

Elle s'appelle Sabine : démarche politique, geste de cinéaste

C’est sa démarche politique que Sandrine Bonnaire met d’abord en avant quand elle présente Elle s’appelle Sabine. Avant toute chose ce documentaire avait une fonction précise : dénoncer la situation scandaleuse de la prise en charge des autistes et malades mentaux en France, "sensibiliser les pouvoirs publics sur la prise en charge de l’autisme, et de témoigner au nom des familles en détresse" (extrait du dossier de presse).Mais Elle s’appelle Sabine est aussi un magnifique geste de cinéaste, comme nous l’avions écrit lors du dernier Festival de Cannes, après une projection qui nous avait bouleversés : "Sandrine Bonnaire nous donne le temps de connaître Sabine et de mettre sur des mots (autisme, handicap) et des symptômes qui font peur, une histoire et des sentiments.Pour inconfortable qu’elle soit (pour dire les choses crûment, Sabine —celle d’aujourd’hui— se déplace et parle lentement, le dos voûté et le regard fixe ; Sabine parfois crie, frappe, bave ; Sabine pose inlassablement à sa sœur les mêmes questions dans les mêmes termes : "est-ce qu’après ma sieste tu seras encore là pour moi ? est-ce que tu reviendras me voir demain ? et après-demain, est-ce que tu seras là à nouveau ?"), cette expérience est parmi les plus émouvantes et les plus enrichissantes que l’on ait vécues pendant tout le Festival."Aussi est-il juste qu’après une diffusion télévisuelle qui lui a donné une large audience (en témoignent les commentaires laissés sur notre blog) Elle s’appelle Sabine retrouve les salles obscures : parce que c’est un film qui appelle la réflexion collective et le débat ; parce que c’est un vrai film de cinéma.Le film n’entre pas directement dans le cadre des programmes l’Education Nationale. Mais on ne saurait trop conseiller son visionnage à des jeunes de collège et de lycée, pour le regard sensible qu’il porte sur la maladie mentale, mais plus largement le handicap et la différence. Elle s’appelle Sabine peut également offrir l’occasion d’une réflexion originale sur le cinéma documentaire et le genre biographique (biographie de Sabine, qui insiste sur le passage du temps et les traces qu'il laisse, le film est aussi une manière d’autobiographie de Sandrine). Les enseignants pourront s’appuyer sur le long entretien avec Sandrine Bonnaire reproduit dans le dossier de presse du film : elle y analyse avec beaucoup de clarté et des formules souvent frappantes ("Sabine a fait cinq ans de prison pour un crime qu’elle n’a pas commis.") ses questionnements de cinéaste et de sœur confrontée à la maladie. Ils ont également à leur disposition le supplément Teledoc que le CNDP a consacré au film, qui propose une analyse et une fiche de travail pour les options Cinéma et Audiovisuel.

[Elle s'appelle Sabine de Sandrine Bonnaire. 2007. Durée : 1 h 25. Distribution : Les Films du Paradoxe. Sortie le 30 janvier 2008]

C’est sa démarche politique que Sandrine Bonnaire met d’abord en avant quand elle présente Elle s’appelle Sabine. Avant toute chose ce documentaire avait une fonction précise : dénoncer la situation scandaleuse de la prise en charge des autistes et malades mentaux en France, "sensibiliser les pouvoirs publics sur la prise en charge de l’autisme, et de témoigner au nom des familles en détresse" (extrait du dossier de presse).Mais Elle s’appelle Sabine est aussi un magnifique geste de cinéaste, comme nous l’avions écrit lors du dernier Festival de Cannes, après une projection qui nous avait bouleversés : "Sandrine Bonnaire nous donne le temps de connaître Sabine et de mettre sur des mots (autisme, handicap) et des symptômes qui font peur, une histoire et des sentiments.Pour inconfortable qu’elle soit (pour dire les choses crûment, Sabine —celle d’aujourd’hui— se déplace et parle lentement, le dos voûté et le regard fixe ; Sabine parfois crie, frappe, bave ; Sabine pose inlassablement à sa sœur les mêmes questions dans les mêmes termes : "est-ce qu’après ma sieste tu seras encore là pour moi ? est-ce que tu reviendras me voir demain ? et après-demain, est-ce que tu seras là à nouveau ?"), cette expérience est parmi les plus émouvantes et les plus enrichissantes que l’on ait vécues pendant tout le Festival."Aussi est-il juste qu’après une diffusion télévisuelle qui lui a donné une large audience (en témoignent les commentaires laissés sur notre blog) Elle s’appelle Sabine retrouve les salles obscures : parce que c’est un film qui appelle la réflexion collective et le débat ; parce que c’est un vrai film de cinéma.Le film n’entre pas directement dans le cadre des programmes l’Education Nationale. Mais on ne saurait trop conseiller son visionnage à des jeunes de collège et de lycée, pour le regard sensible qu’il porte sur la maladie mentale, mais plus largement le handicap et la différence. Elle s’appelle Sabine peut également offrir l’occasion d’une réflexion originale sur le cinéma documentaire et le genre biographique (biographie de Sabine, qui insiste sur le passage du temps et les traces qu'il laisse, le film est aussi une manière d’autobiographie de Sandrine). Les enseignants pourront s’appuyer sur le long entretien avec Sandrine Bonnaire reproduit dans le dossier de presse du film : elle y analyse avec beaucoup de clarté et des formules souvent frappantes ("Sabine a fait cinq ans de prison pour un crime qu’elle n’a pas commis.") ses questionnements de cinéaste et de sœur confrontée à la maladie. Ils ont également à leur disposition le supplément Teledoc que le CNDP a consacré au film, qui propose une analyse et une fiche de travail pour les options Cinéma et Audiovisuel.

[Elle s'appelle Sabine de Sandrine Bonnaire. 2007. Durée : 1 h 25. Distribution : Les Films du Paradoxe. Sortie le 30 janvier 2008]