La Commune : Exercices de démocratie

La Commune : Exercices de démocratie

Comment filmer l’Histoire sans la "représenter" à la manière des sagas hollywoodiennes ou la "documenter" à la façon télévisuelle ? C’est la question que pose La Commune (Paris, 1871) de Peter Watkins, cinéaste (Punishment Park, La Bombe, Edvard Munch) que son radicalisme a fini par rejeter à la marge de l’audiovisuel commercial, d’où il rend coup pour coup au système médiatique et à ce qu’il appelle la Monoforme.En témoigne donc ce film, tourné en 1999 avec les moyens du bord (le film a tout de même été co-produit par la chaîne Arte) et des acteurs non-professionnels, et qui constitue pour l’historien Jacques Rougerie (auteur de Paris insurgé, la Commune de 1871, Découvertes Gallimard) "le premier vrai film qui ait été réalisé sur la Commune".Comment, donc, filmer l’Histoire ? Watkins choisit de nous montrer l’insurrection parisienne de 1871 "médiatisée" par la télévision, ou plutôt les télévisions : tandis que la télé versaillaise déroule une vision lénifiante et tronquée des faits, une antenne locale s’efforce de redonner la parole aux insurgés. Ça ne vous rappelle rien ? C’est tout l’objectif du film, qui trace de nombreux parallèles entre l’époque historique et notre société contemporaine, s’efforçant de perpétuer l’esprit du mouvement plutôt que sa forme.Alors que la version initiale durait 5 h 45, celle qui sort aujourd’hui en salles fait 3 h 30 "seulement" : ces coupures recentrent le film sur l’événement historique, au détriment des débats contemporains. Si La Commune n’est pas un film d’histoire à proprement parler, le film pourra donc intéresser les professeurs en tant qu’objet historique. Les faits sont donc présentés avec une incontestable précision, sous la forme de récits multiples d’acteurs de la Commune, scandés par des dizaines de cartons recontextualisant les scènes, depuis le 17 mars 1871, moment où échoue la tentative de l’armée régulière pour récupérer les canons de la Garde nationale jusqu’à la Semaine sanglante du 21 au 28 mai 1871, qui marque la fin de la révolte et le début de la répression.Peter Watkins et sa troupe revisitent ainsi la mémoire de la Commune de 1871, événement qui n’est plus enseigné en tant que tel (les programmes de Première intègrent cet événement à la construction de la République —en ES/L—, ou l’escamotent purement et simplement —1ère S—) mais qui fait l’objet aujourd'hui d’une attention particulière dans le cadre du "socle commun des connaissances" (en 4ème, on demande notamment depuis la rentrée 2007 aux professeurs de considérer la Commune comme un repère historique dont les élèves doivent connaître la date et la signification). Mais plus qu’un film historique, La Commune est un film qui interroge la démocratie. Il peut s’inscrire ainsi dans le programme d’ECJS de Première dont le thème tourne autour des institutions et de la pratique de la citoyenneté. Interrogation à la fois sur le rôle des médias dans la retranscription d’un événement (en l’occurrence une insurrection) et sur la forme que prennent les luttes collectives (la solidarité, l’engagement), le film montre la volonté des Communards d’être des citoyens et surtout la difficulté d’exercer cette citoyenneté.Le film pourrait avoir une résonance particulière par ces temps de revendications et de grèves, sur fond de réformes sociales et politiques importantes. Les revendications des Communards restent en effet d’actualité : conditions de travail, augmentation des salaires, place des femmes, rôle de l’école… et si la longueur du film semble un obstacle, la simplicité de la langue utilisée et surtout l’actualité des débats le rendent accessible aux élèves les plus mûrs.

[La Commune (Paris, 1871) de Peter Watkins. 2000. Durée : 3 h 30. Distribution : Shellac. Sortie le 7 novembre 2007]

Quelques ressources sur la Commune de Paris :— Une sitographie très complète sur Clioweb— Un diaporama de photos d'époque— Le dossier de presse du film [pdf]

Comment filmer l’Histoire sans la "représenter" à la manière des sagas hollywoodiennes ou la "documenter" à la façon télévisuelle ? C’est la question que pose La Commune (Paris, 1871) de Peter Watkins, cinéaste (Punishment Park, La Bombe, Edvard Munch) que son radicalisme a fini par rejeter à la marge de l’audiovisuel commercial, d’où il rend coup pour coup au système médiatique et à ce qu’il appelle la Monoforme.En témoigne donc ce film, tourné en 1999 avec les moyens du bord (le film a tout de même été co-produit par la chaîne Arte) et des acteurs non-professionnels, et qui constitue pour l’historien Jacques Rougerie (auteur de Paris insurgé, la Commune de 1871, Découvertes Gallimard) "le premier vrai film qui ait été réalisé sur la Commune".Comment, donc, filmer l’Histoire ? Watkins choisit de nous montrer l’insurrection parisienne de 1871 "médiatisée" par la télévision, ou plutôt les télévisions : tandis que la télé versaillaise déroule une vision lénifiante et tronquée des faits, une antenne locale s’efforce de redonner la parole aux insurgés. Ça ne vous rappelle rien ? C’est tout l’objectif du film, qui trace de nombreux parallèles entre l’époque historique et notre société contemporaine, s’efforçant de perpétuer l’esprit du mouvement plutôt que sa forme.Alors que la version initiale durait 5 h 45, celle qui sort aujourd’hui en salles fait 3 h 30 "seulement" : ces coupures recentrent le film sur l’événement historique, au détriment des débats contemporains. Si La Commune n’est pas un film d’histoire à proprement parler, le film pourra donc intéresser les professeurs en tant qu’objet historique. Les faits sont donc présentés avec une incontestable précision, sous la forme de récits multiples d’acteurs de la Commune, scandés par des dizaines de cartons recontextualisant les scènes, depuis le 17 mars 1871, moment où échoue la tentative de l’armée régulière pour récupérer les canons de la Garde nationale jusqu’à la Semaine sanglante du 21 au 28 mai 1871, qui marque la fin de la révolte et le début de la répression.Peter Watkins et sa troupe revisitent ainsi la mémoire de la Commune de 1871, événement qui n’est plus enseigné en tant que tel (les programmes de Première intègrent cet événement à la construction de la République —en ES/L—, ou l’escamotent purement et simplement —1ère S—) mais qui fait l’objet aujourd'hui d’une attention particulière dans le cadre du "socle commun des connaissances" (en 4ème, on demande notamment depuis la rentrée 2007 aux professeurs de considérer la Commune comme un repère historique dont les élèves doivent connaître la date et la signification). Mais plus qu’un film historique, La Commune est un film qui interroge la démocratie. Il peut s’inscrire ainsi dans le programme d’ECJS de Première dont le thème tourne autour des institutions et de la pratique de la citoyenneté. Interrogation à la fois sur le rôle des médias dans la retranscription d’un événement (en l’occurrence une insurrection) et sur la forme que prennent les luttes collectives (la solidarité, l’engagement), le film montre la volonté des Communards d’être des citoyens et surtout la difficulté d’exercer cette citoyenneté.Le film pourrait avoir une résonance particulière par ces temps de revendications et de grèves, sur fond de réformes sociales et politiques importantes. Les revendications des Communards restent en effet d’actualité : conditions de travail, augmentation des salaires, place des femmes, rôle de l’école… et si la longueur du film semble un obstacle, la simplicité de la langue utilisée et surtout l’actualité des débats le rendent accessible aux élèves les plus mûrs.

[La Commune (Paris, 1871) de Peter Watkins. 2000. Durée : 3 h 30. Distribution : Shellac. Sortie le 7 novembre 2007]

Quelques ressources sur la Commune de Paris :— Une sitographie très complète sur Clioweb— Un diaporama de photos d'époque— Le dossier de presse du film [pdf]