Le Bannissement : à l'Est d'Eden

Le Bannissement : à l'Est d'Eden

Avant toute chose, Izganie (le Bannissement) d’Andrei Zviaguintsev provoque chez le spectateur une véritable sidération visuelle. Il lui demande également une lecture, un déchiffrement, on dirait presque une exégèse tant les références bibliques semblent prégnantes. Dans le cadre d’une Nature aussi belle que désolée se noue une tragédie conjugale qui se hissera jusqu’au métaphysique. Alex et Vera s’installent à la campagne avec leurs deux enfants Kir et Eva, dans la vieille maison paternelle. Vera avoue à son mari qu’elle attend un enfant "qui n’est pas le sien". Le cinéaste multiplie les références à la Bible (des enfants qui construisent un puzzle représentant l’Annonciation, une gravure au mur où l’on devine Adam et Eve séparés par l’arbre de connaissance, la lecture d’un extrait des Evangiles qui dit l’absolue nécessité de vivre dans l’Amour…), tout en construisant lentement mais sûrement un récit dont la puissance de suspens est savamment entretenue. Véra reviendra d’entre les morts pour délivrer la réponse de l’énigme qui plonge le spectateur dans une surprise médusée et une réflexion sans fond.Le Retour, le précédent film de Zviaguintsev, mettait en scène un père qui décidait d’assumer son rôle auprès de ses deux fils, sans y parvenir . A ce titre, Izgnanie, peut se lire à la fois comme le prologue et/ou la suite du retour. Suite, parce qu’Alex et son frère Mark sont deux frères dont on devine qu’ils ont été élevés seuls par leur père, à la rude, et que l’absence de la mère aura privés d’une part d’humanité. Prologue, parce qu’à la fin du film, on peut supposer qu’Alex, guidé par le fantôme de Vera tentera de donner à nouveau du sens au mot "père", vis à vis de ses enfants. C’est Vera au final qui donne toute sa force au film. Femme aussi belle physiquement qu’usée intérieurement, elle trame une fatalité silencieuse qui convoque les plus grands personnages tragiques féminins, Phèdre et Médée, pour faire advenir l’âpre vérité.

Izganie (le Bannisement) d'Andrei Zviaguintsev, Sélection officielle

Avant toute chose, Izganie (le Bannissement) d’Andrei Zviaguintsev provoque chez le spectateur une véritable sidération visuelle. Il lui demande également une lecture, un déchiffrement, on dirait presque une exégèse tant les références bibliques semblent prégnantes. Dans le cadre d’une Nature aussi belle que désolée se noue une tragédie conjugale qui se hissera jusqu’au métaphysique. Alex et Vera s’installent à la campagne avec leurs deux enfants Kir et Eva, dans la vieille maison paternelle. Vera avoue à son mari qu’elle attend un enfant "qui n’est pas le sien". Le cinéaste multiplie les références à la Bible (des enfants qui construisent un puzzle représentant l’Annonciation, une gravure au mur où l’on devine Adam et Eve séparés par l’arbre de connaissance, la lecture d’un extrait des Evangiles qui dit l’absolue nécessité de vivre dans l’Amour…), tout en construisant lentement mais sûrement un récit dont la puissance de suspens est savamment entretenue. Véra reviendra d’entre les morts pour délivrer la réponse de l’énigme qui plonge le spectateur dans une surprise médusée et une réflexion sans fond.Le Retour, le précédent film de Zviaguintsev, mettait en scène un père qui décidait d’assumer son rôle auprès de ses deux fils, sans y parvenir . A ce titre, Izgnanie, peut se lire à la fois comme le prologue et/ou la suite du retour. Suite, parce qu’Alex et son frère Mark sont deux frères dont on devine qu’ils ont été élevés seuls par leur père, à la rude, et que l’absence de la mère aura privés d’une part d’humanité. Prologue, parce qu’à la fin du film, on peut supposer qu’Alex, guidé par le fantôme de Vera tentera de donner à nouveau du sens au mot "père", vis à vis de ses enfants. C’est Vera au final qui donne toute sa force au film. Femme aussi belle physiquement qu’usée intérieurement, elle trame une fatalité silencieuse qui convoque les plus grands personnages tragiques féminins, Phèdre et Médée, pour faire advenir l’âpre vérité.

Izganie (le Bannisement) d'Andrei Zviaguintsev, Sélection officielle