Le Silence de Lorna : à son corps défendant

Le Silence de Lorna : à son corps défendant

Le Silence de Lorna est le récit d’une dépossession de soi programmée à laquelle une jeune femme tente désespérément de résister et à laquelle nous assistons impuissants. Embarqués malgré nous, déstabilisés, nous voulons tout de même y croire, à l’image de cette femme qui se débat pour survivre.Pour acquérir la nationalité belge, Lorna, d’origine albanaise (l'actrice Arta Dobroshi), contracte un mariage blanc avec un junkie, Claudy (Jérémie Rénier). Mais elle n’est que le rouage d’un vaste trafic orchestré par Fabio (Fabrizio Rongione) qui souhaite désormais la remarier à un Russe en attente de papiers. Alors que la mort de Claudy par overdose fait partie du plan, celui-ci décide de décrocher.Dans un perpétuel combat, Lorna, toute en retenue, se force à ne rien ressentir pour que personne n’ait de prise sur elle. Lorsque, rattrapée par ses sentiments, elle sourit enfin, c’est pour mieux réaliser que son histoire ne lui appartient pas. Pour se protéger, elle reste silencieuse. Mais, comme une volonté de liberté qui s’exprimerait malgré elle, elle agit. Et chacun de ses mouvements referme un peu plus le piège qui lui est tendu. La menace rôde et se rapproche par cercles concentriques, empêchant un à un que n’aboutissent ses sentiments, ses choix, et ses actes.Face à cette tentative de dépossession totale, il ne reste à Lorna, comme seule emprise sur le réel, que son propre corps. Afin de sauver Claudy, elle s’offre à lui pour faire passer le manque. Afin de le sauver encore, elle se jette contre les murs pour couvrir ses bras de bleus. Au silence coupable se substitue un corps salvateur.Renaît alors l’espoir. Sous les traits de la folie s’exprime un puissant instinct de conservation. C’est en effet dans ce corps qu’elle trouvera la force nécessaire à sa survie ; ce qu’on ne pourra jamais lui prendre ; un être imaginaire qu’elle protège et à qui elle ne cesse de s’adresser. Cette irruption de l’irrationnel renouvelle suffisamment l’univers naturaliste des Dardenne pour qu’ils surprennent et séduisent à nouveau la Croisette.Le Silence de Lorna de Jean-Pierre et Luc Dardenne, 105 mn, BelgiqueSélection Officielle, en compétition

Le Silence de Lorna est le récit d’une dépossession de soi programmée à laquelle une jeune femme tente désespérément de résister et à laquelle nous assistons impuissants. Embarqués malgré nous, déstabilisés, nous voulons tout de même y croire, à l’image de cette femme qui se débat pour survivre.Pour acquérir la nationalité belge, Lorna, d’origine albanaise (l'actrice Arta Dobroshi), contracte un mariage blanc avec un junkie, Claudy (Jérémie Rénier). Mais elle n’est que le rouage d’un vaste trafic orchestré par Fabio (Fabrizio Rongione) qui souhaite désormais la remarier à un Russe en attente de papiers. Alors que la mort de Claudy par overdose fait partie du plan, celui-ci décide de décrocher.Dans un perpétuel combat, Lorna, toute en retenue, se force à ne rien ressentir pour que personne n’ait de prise sur elle. Lorsque, rattrapée par ses sentiments, elle sourit enfin, c’est pour mieux réaliser que son histoire ne lui appartient pas. Pour se protéger, elle reste silencieuse. Mais, comme une volonté de liberté qui s’exprimerait malgré elle, elle agit. Et chacun de ses mouvements referme un peu plus le piège qui lui est tendu. La menace rôde et se rapproche par cercles concentriques, empêchant un à un que n’aboutissent ses sentiments, ses choix, et ses actes.Face à cette tentative de dépossession totale, il ne reste à Lorna, comme seule emprise sur le réel, que son propre corps. Afin de sauver Claudy, elle s’offre à lui pour faire passer le manque. Afin de le sauver encore, elle se jette contre les murs pour couvrir ses bras de bleus. Au silence coupable se substitue un corps salvateur.Renaît alors l’espoir. Sous les traits de la folie s’exprime un puissant instinct de conservation. C’est en effet dans ce corps qu’elle trouvera la force nécessaire à sa survie ; ce qu’on ne pourra jamais lui prendre ; un être imaginaire qu’elle protège et à qui elle ne cesse de s’adresser. Cette irruption de l’irrationnel renouvelle suffisamment l’univers naturaliste des Dardenne pour qu’ils surprennent et séduisent à nouveau la Croisette.Le Silence de Lorna de Jean-Pierre et Luc Dardenne, 105 mn, BelgiqueSélection Officielle, en compétition