Paranoid Park : mystère adolescent
Nouveau chef d’œuvre du réalisateur d’Elephant, Gerry et Last days ou symptôme de l’essouflement d’un système esthétique ? Le débat avait partagé les critiques à l’occasion de la projection de Paranoid Park lors du dernier Festival de Cannes, à la fin duquel le film avait finalement reçu un inédit Prix du 60e anniversaire au dernier Festival de Cannes).Avouons que nous nous situons plutôt du côté des sceptiques… ou des lassés : le talent plastique de Gus Van Sant pour le portrait (voir ce joli rapprochement) ou la nature morte peut continuer à fasciner, mais ses procédés visuels (personnages au ralenti, paysage en accéléré), sonores (désynchronisation image/son, utilisation d’extraits musicaux) ou narratifs (l’éclatement temporel, la répétition des scènes selon les différents points de vue) n’ont plus le bénéfice de la nouveauté. Surtout, ce portrait d’un adolescent absent à lui-même autant qu’au monde (il vit avec le même détachement son dépucelage que le meurtre accidentel d’un agent de sécurité) n’a peut-être finalement pas grand-chose à nous dire (témoin l’ambiguïté de l’autodafé final du récit), comme si l’indéchiffrable n'était finalement que le masque de l’insignifiance.On retrouvera néanmoins sur ce film les fines analyses de Philippe Leclercq pour les Actualités pour la classe du CNDP, ainsi qu'un dossier Cinédoc paru dans le dernier numéro de Textes et Documents pour la Classe.
[Paranoid Park de Gus Van Sant. 2007. Durée : 1 h 25. Distribution : Mk2. Sortie le 24 octobre 2007]