Témoin indésirable : arrêt sur images

Témoin indésirable : arrêt sur images

Témoin indésirable commence par un travelling arrière : braquée sur une télévision qui diffuse Contravia, l’émission d’investigation du journaliste Hollman Morris, la caméra se recule et nous laisse découvrir les cuisines puis la salle d’un restaurant de Bogota. Dans le même plan-séquence on passe insensiblement de l’horreur de la guerre civile qui agite les confins de la Colombie à la douceur des quartiers bourgeois de Bogota, des stigmates d’un conflit d’un autre âge à l’indifférence d’une métropole du XXième siècle.En suivant le travail et le combat quotidien d’Hollman Morris (le "témoin indésirable" du titre), un des derniers journalistes indépendants à suivre le conflit colombien, le film documentaire de Juan José Lozano fait coup double : il nous ouvre les yeux sur une véritable guerre civile qui malgré une relative accalmie ces dernières années continue de faire son lot de victimes et de déplacés ; il nous propose une réflexion ô combien actuelle sur le journalisme et la "fabrique de l’information" dans les sociétés modernes.A l’image de la première séquence déjà citée, le film ne nous plonge en effet dans la violente réalité colombienne que pour mieux nous en extraire et nous inviter à la réflexion. A la faveur de ce mouvement de recul, de ce travelling arrière, rentrent en effet "dans le champ" le journaliste Hollman Morris, ses problèmes et ses doutes, mais également tout le paysage médiatique et politique colombien. Quelques images familières de la télé-spectacle (le président Uribe interviewé sur… la beauté comparée des colombiennes et de l’actrice Angelina Jolie) nous renvoient à notre propre condition de citoyen-spectateur : à quoi servent l'information et les journalistes quand il n'y a plus personne pour les écouter ? La censure à laquelle se heurte le journaliste est ainsi au moins autant économique que politique (les intérêts des uns et des autres marchant main dans la main), les chaînes commerciales reléguant dans les marges un conflit "qui ne fait pas recette" (le journaliste est même obligé… d’acheter à la télévision publique les créneaux de diffusion de son émission !). Mais Témoin indésirable montre également les menaces très réelles qui pèsent sur le journaliste, régulièrement désigné par les autorités ou les partis de droite à la vindicte populaire. Comme le dossier de presse le rappelle, la Colombie est un des pays les plus dangereux au monde pour l'exercice du journalisme.Le film fait l’objet d’un site pédagogique édité par Zérodeconduite.net, qui propose un dossier pour les profs d’espagnol et V.O. Scope, le supplément édité par le magazine Vocable.

Témoin indésirable de Juan José Lozano. 2008. Durée : 1 h 25. Distribution : Eurozoom. Sortie le 15 avril 2009

Témoin indésirable commence par un travelling arrière : braquée sur une télévision qui diffuse Contravia, l’émission d’investigation du journaliste Hollman Morris, la caméra se recule et nous laisse découvrir les cuisines puis la salle d’un restaurant de Bogota. Dans le même plan-séquence on passe insensiblement de l’horreur de la guerre civile qui agite les confins de la Colombie à la douceur des quartiers bourgeois de Bogota, des stigmates d’un conflit d’un autre âge à l’indifférence d’une métropole du XXième siècle.En suivant le travail et le combat quotidien d’Hollman Morris (le "témoin indésirable" du titre), un des derniers journalistes indépendants à suivre le conflit colombien, le film documentaire de Juan José Lozano fait coup double : il nous ouvre les yeux sur une véritable guerre civile qui malgré une relative accalmie ces dernières années continue de faire son lot de victimes et de déplacés ; il nous propose une réflexion ô combien actuelle sur le journalisme et la "fabrique de l’information" dans les sociétés modernes.A l’image de la première séquence déjà citée, le film ne nous plonge en effet dans la violente réalité colombienne que pour mieux nous en extraire et nous inviter à la réflexion. A la faveur de ce mouvement de recul, de ce travelling arrière, rentrent en effet "dans le champ" le journaliste Hollman Morris, ses problèmes et ses doutes, mais également tout le paysage médiatique et politique colombien. Quelques images familières de la télé-spectacle (le président Uribe interviewé sur… la beauté comparée des colombiennes et de l’actrice Angelina Jolie) nous renvoient à notre propre condition de citoyen-spectateur : à quoi servent l'information et les journalistes quand il n'y a plus personne pour les écouter ? La censure à laquelle se heurte le journaliste est ainsi au moins autant économique que politique (les intérêts des uns et des autres marchant main dans la main), les chaînes commerciales reléguant dans les marges un conflit "qui ne fait pas recette" (le journaliste est même obligé… d’acheter à la télévision publique les créneaux de diffusion de son émission !). Mais Témoin indésirable montre également les menaces très réelles qui pèsent sur le journaliste, régulièrement désigné par les autorités ou les partis de droite à la vindicte populaire. Comme le dossier de presse le rappelle, la Colombie est un des pays les plus dangereux au monde pour l'exercice du journalisme.Le film fait l’objet d’un site pédagogique édité par Zérodeconduite.net, qui propose un dossier pour les profs d’espagnol et V.O. Scope, le supplément édité par le magazine Vocable.

Témoin indésirable de Juan José Lozano. 2008. Durée : 1 h 25. Distribution : Eurozoom. Sortie le 15 avril 2009