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There will be blood : noir pétrole


Comment, en peu de mots, dire ce qu’est There will be blood, la puissance et la richesse du nouveau film de Paul Thomas Anderson (Magnolia, Punch-drunk love) ?On pourrait commencer par dire ce que ce film n’est pas : une adaptation d’Oil, le roman d’Upton Sinclair (paru en 1927, réédité en français aux éditions Gutenberg), fresque sur la naissance de l’industrie pétrolière en Californie, au début du siècle dernier. Sinclair était un des chefs de file des "muckrackers" (les fouille-merde, surnom peu amène donné par Theodore Roosevelt), journalistes et écrivains engagés qui décrivaient dans leurs enquêtes les injustices de l’Amérique du début du siècle. Ses romans, basés sur une documentation rigoureuse, brossent à larges traits des fresques sociales porteuses d’un message politique : on le présente parfois, pour faire court, comme un Zola d’outre-Atlantique.Paul Thomas Anderson s’est taillé un chemin tout personnel dans les foisonnantes 700 pages d’Oil : exeunt la lutte entre magnats et syndicats, la corruption du monde politique, la lutte entre le père et le fils. Si elle donne toute sa profondeur et sa richesse au film, la saga du pétrole (poussée fiévreuse de villes champignons dans des coins jusque-là oubliés du monde, rivalité des petits entrepreneurs et grandes compagnies, ascension fulgurante de self-made men plus opiniâtres ou simplement chanceux que les autres) n’est qu’un arrière-plan : There will be blood est centré sur la rivalité entre Daniel Plainview, prospecteur énergique et sans scrupules, et Eli Sunday, jeune homme et (faux ?)prophète d’une petite communauté religieuse, sous les pieds de laquelle repose un trésor d’or noir. Si chacun exploite son propre "filon" (le pétrole d’un côté, la crédulité des masses de l’autre), ils sont animés par une même soif de pouvoir et de domination. A travers le portrait de ces deux hommes, le film livre un véritable traité des passions, ou plutôt des pulsions : océans sombres cachés dans les profondeurs de l’être, qui sourdent doucement de leur failles, où jaillissent soudain en violents geysers…Grand film épique qui vous emporte et ne vous lâche pas deux heures quarante durant, porté par la puissance de ses interprètes et de la mise en scène, There Will be blood a aussi le courage d’échapper à la "manière" hollywoodienne (cf la musique dissonnante de Johnny Greenwood) et aux schémas narratifs attendus (l’ascension et la chute / le pot de terre contre le pot de fer / la rivalité père-fils).C’est ainsi moins un monument à contempler de loin qu’une montagne à gravir, un bloc hérissé d’angles et d’arrêtes, de questions qui resteront sans réponse : est-ce par intérêt ou par bonté que Daniel Plainview recueille celui qui deviendra son fils adoptif ? qui est ce Paul, frère jumeau d’Eli qui disparaîtra du récit aussi vite qu’il est apparu ? Eli Sunday est-il un faux prophète ou un vrai illuminé ?…

[There will be blood de Paul Thomas Anderson. 2007. Durée : 2 h 38. Distribution : Walt Disney Motion Pictures France. Sortie le 27 février]


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