Le Perroquet rouge : cabaret

Le Perroquet rouge : cabaret

Si le public français connait l’histoire de la RDA, c’est plutôt par sa fin. Ces dernières années il a fait un triomphe à deux films qui ont montré, dans des tonalités très différentes ("ostalgie" douce-amère contre dénonciation du cauchemar totalitaire) la déliquescence du régime et sa mort : Goodbye Lenin ! de Wolgang Becker (2003, 1 400 000 entrées) et La Vie des Autres de Florian Henckel von Donnersmarck (2006, 1 500 000 entrées) (voir également notre site pédagogique).Le Perroquet rouge de Dominik Graf a l’intérêt de prendre la RDA par l’autre bout, et de montrer non l’effondrement du régime mais sa progressive constitution, non la chute du Mur mais sa construction. De la même manière que les scènes de protestation lors de la construction du mur rappellent celles de liesse à sa destruction, les problématiques abordées par les films se rejoignent : la position des intellectuels face au régime, la place de l'art dans une société autoritaire, le dévoiement de l’idéal communiste. Bousculant une lecture trop figée de l’histoire, le film de Dominik Graf a l’intérêt de restituer cette période comme un moment de bouillonnement et d’incertitude où tout était encore possible…Titre énigmatique et pittoresque, le "Perroquet rouge" renvoie au nom d’un cabaret qui incarnait, au début des années soixante, la relative liberté que permettait encore le régime communiste. Dans ce lieu se croisait une jeunesse plus ou moins dorée à la recherche de plaisirs de son âge (et de la musique venue d’Outre-Atlantique) et dignitaires du régime s’encanaillant dans la zone grise séparant le toléré de l'interdit. En quelques mois, pour des raisons qui échappent à nos personnages, la crispation progressive des autorités est-allemandes va entraîner la fermeture de tels espaces de liberté surveillée, qui s'avèrera définitive, au moins pour une quarantaine d'années.Le matériel historique que brasse Le Perroquet rouge est donc passionnant. Il est dommage que Dominik Graf n’ait pas réussi à les incarner, à l’instar de Becker et Donnersmarck, dans des personnages et une intrigue à la hauteur. La relation triangulaire qui unit les trois personnages principaux (Siggi est transi de la belle Louise qui n’a d’yeux que pour le beau Wolle, indécrottablement volage) apparaît un peu convenue, et les personnages secondaires (la chanteuse, le traître, la secrétaire nymphomane), semblent comme lacunaires. Le film semble ainsi attacher moins d’importance à son intrigue (on comprend mal les motivations des uns et des autres) qu’à l’atmosphère de paranoïa qu’il installe, souvent baroque et parfois scabreuse (les fameux cornichons de la Spreewald trouvent ici un emploi inattendu). Sombre au propre comme au figuré, Le Perroquet rouge retrouve heureusement un peu de souffle romanesque dans sa dernière partie, quand la fermeture progressive de la frontière précipite les destins.Le film est donc à étudier plutôt en classe d’Allemand qu’en Histoire, notamment en s’appuyant sur le dossier pédagogique édité par le magazine Vocable (voir dans l'espace enseignants).

[Le Perroquet rouge de Dominique Graf. 2006. Durée : 2 h 08. Distribution : CTV. Sortie le 2 janvier 2008]

Si le public français connait l’histoire de la RDA, c’est plutôt par sa fin. Ces dernières années il a fait un triomphe à deux films qui ont montré, dans des tonalités très différentes ("ostalgie" douce-amère contre dénonciation du cauchemar totalitaire) la déliquescence du régime et sa mort : Goodbye Lenin ! de Wolgang Becker (2003, 1 400 000 entrées) et La Vie des Autres de Florian Henckel von Donnersmarck (2006, 1 500 000 entrées) (voir également notre site pédagogique).Le Perroquet rouge de Dominik Graf a l’intérêt de prendre la RDA par l’autre bout, et de montrer non l’effondrement du régime mais sa progressive constitution, non la chute du Mur mais sa construction. De la même manière que les scènes de protestation lors de la construction du mur rappellent celles de liesse à sa destruction, les problématiques abordées par les films se rejoignent : la position des intellectuels face au régime, la place de l'art dans une société autoritaire, le dévoiement de l’idéal communiste. Bousculant une lecture trop figée de l’histoire, le film de Dominik Graf a l’intérêt de restituer cette période comme un moment de bouillonnement et d’incertitude où tout était encore possible…Titre énigmatique et pittoresque, le "Perroquet rouge" renvoie au nom d’un cabaret qui incarnait, au début des années soixante, la relative liberté que permettait encore le régime communiste. Dans ce lieu se croisait une jeunesse plus ou moins dorée à la recherche de plaisirs de son âge (et de la musique venue d’Outre-Atlantique) et dignitaires du régime s’encanaillant dans la zone grise séparant le toléré de l'interdit. En quelques mois, pour des raisons qui échappent à nos personnages, la crispation progressive des autorités est-allemandes va entraîner la fermeture de tels espaces de liberté surveillée, qui s'avèrera définitive, au moins pour une quarantaine d'années.Le matériel historique que brasse Le Perroquet rouge est donc passionnant. Il est dommage que Dominik Graf n’ait pas réussi à les incarner, à l’instar de Becker et Donnersmarck, dans des personnages et une intrigue à la hauteur. La relation triangulaire qui unit les trois personnages principaux (Siggi est transi de la belle Louise qui n’a d’yeux que pour le beau Wolle, indécrottablement volage) apparaît un peu convenue, et les personnages secondaires (la chanteuse, le traître, la secrétaire nymphomane), semblent comme lacunaires. Le film semble ainsi attacher moins d’importance à son intrigue (on comprend mal les motivations des uns et des autres) qu’à l’atmosphère de paranoïa qu’il installe, souvent baroque et parfois scabreuse (les fameux cornichons de la Spreewald trouvent ici un emploi inattendu). Sombre au propre comme au figuré, Le Perroquet rouge retrouve heureusement un peu de souffle romanesque dans sa dernière partie, quand la fermeture progressive de la frontière précipite les destins.Le film est donc à étudier plutôt en classe d’Allemand qu’en Histoire, notamment en s’appuyant sur le dossier pédagogique édité par le magazine Vocable (voir dans l'espace enseignants).

[Le Perroquet rouge de Dominique Graf. 2006. Durée : 2 h 08. Distribution : CTV. Sortie le 2 janvier 2008]