Prud'hommes : au tribunal du travail

Prud'hommes : au tribunal du travail

Les mutations du monde du travail et la souffrance qu’elles induisent sont un des grands thèmes du documentaire contemporain, que ce soit à la télévision (La mise à mort du travail) ou au cinéma (J'ai très mal au travail, Ils ne mouraient pas mais tous étaient frappés). Prud’hommes de Stéphane Goël adopte un angle original en filmant les audiences d’un tribunal suisse de Prud’hommes : licenciement abusif, heures supplémentaires non payées, harcèlement au travail, rien de spectaculaire là-dedans mais un tableau réaliste des vicissitudes du monde de l’entreprise. Lieu d’expression de la souffrance des salariés (comme l’était la consultation du docteur Pezé dans Ils ne mouraient pas…) le tribunal est aussi celui de la confrontation avec leurs (présumés) bourreaux, confrontation censée déboucher sur une conciliation ou une réparation. Le film montre d’ailleurs le décalage entre les attentes des plaignants et la réalité : autant le fonctionnement de cette justice paritaire est largement méconnu, autant son pouvoir est objet de fantasmes (“Je vais aller aux Prud’hommes !” est une phrase que l’on entend souvent dans les entreprises, comme le rappelle le réalisateur). Filmé selon un dispositif proche de celui de 10ème chambre Instants d’audience de Raymond Depardon mais adoptant un mode de récit plus impressionniste, Prud’hommes offre quelques beaux moments, dramatiques ou cocasses. Mais l’empilement des affaires devient rapidement frustrant : le film passe trop vite sur la plupart des cas pour que l’on comprenne quelle est la profession des salariés, dans quel type d'entreprise ils travaillaient, ce qu'ils réclament, etc. D’un point de vue pédagogique, Prud’hommes n’apparaît pas ainsi comme la meilleure des introductions à la justice prud’homale, par ailleurs largement négligée des programmes de Sciences Économiques et Sociales.

[Prud'hommes de Stéphane Goël. 2010. Durée : 1 h 25 mn. Distribution : Blaq Out. Sortie le 8 juin 2011]

Les mutations du monde du travail et la souffrance qu’elles induisent sont un des grands thèmes du documentaire contemporain, que ce soit à la télévision (La mise à mort du travail) ou au cinéma (J'ai très mal au travail, Ils ne mouraient pas mais tous étaient frappés). Prud’hommes de Stéphane Goël adopte un angle original en filmant les audiences d’un tribunal suisse de Prud’hommes : licenciement abusif, heures supplémentaires non payées, harcèlement au travail, rien de spectaculaire là-dedans mais un tableau réaliste des vicissitudes du monde de l’entreprise. Lieu d’expression de la souffrance des salariés (comme l’était la consultation du docteur Pezé dans Ils ne mouraient pas…) le tribunal est aussi celui de la confrontation avec leurs (présumés) bourreaux, confrontation censée déboucher sur une conciliation ou une réparation. Le film montre d’ailleurs le décalage entre les attentes des plaignants et la réalité : autant le fonctionnement de cette justice paritaire est largement méconnu, autant son pouvoir est objet de fantasmes (“Je vais aller aux Prud’hommes !” est une phrase que l’on entend souvent dans les entreprises, comme le rappelle le réalisateur). Filmé selon un dispositif proche de celui de 10ème chambre Instants d’audience de Raymond Depardon mais adoptant un mode de récit plus impressionniste, Prud’hommes offre quelques beaux moments, dramatiques ou cocasses. Mais l’empilement des affaires devient rapidement frustrant : le film passe trop vite sur la plupart des cas pour que l’on comprenne quelle est la profession des salariés, dans quel type d'entreprise ils travaillaient, ce qu'ils réclament, etc. D’un point de vue pédagogique, Prud’hommes n’apparaît pas ainsi comme la meilleure des introductions à la justice prud’homale, par ailleurs largement négligée des programmes de Sciences Économiques et Sociales.

[Prud'hommes de Stéphane Goël. 2010. Durée : 1 h 25 mn. Distribution : Blaq Out. Sortie le 8 juin 2011]